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Histoires d'Info. Les femmes au Panthéon

Mercredi, Emmanuel Macron a annoncé que Simone Veil reposerait bientôt au Panthéon avec son époux. C'est l'occasion de revenir sur la symbolique de ce monument et de s'interroger sur la place qu'y ont les grandes femmes de notre histoire.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le Panthéon, Paris. (MAXPPP)

Mercredi 5 juillet, lors de la cérémonie d’obsèques officielles aux Invalides, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé que Simone Veil reposerait bientôt au Panthéon avec son époux.

Ils sont pour le moment soixante-quinze à être au Panthéon, ce monument qui honore les grands personnages de l’Histoire de France. A l’origine, en 1757, il doit devenir une église royale dédiée à Sainte Geneviève, la patronne de Paris. Mais en 1791, sa construction à peine achevée, la nouvelle Assemblée nationale décide d’en faire une nécropole laïque consacrée à la mémoire de ceux qui ont contribué à la grandeur de la France.

Certains ne restent que peu de temps au Panthéon

Qui peut entrer au Panthéon ? La réponse n'est pas si évidente comme le montre l'histoire de certains occupants, parmi les premiers, qui n’y feront qu’un rapide séjour. Ainsi, Mirabeau y entre deux jours après sa mort, en avril 1791, pour en être exclu trois ans plus tard quand on découvrira qu’il jouait double jeu avec Louis XVI. On décide de le remplacer par Marat, récemment assassiné par Charlotte Corday, mais là aussi le vent tourne et seulement quelques mois plus tard, il n’est plus le bienvenu. Depuis, de nombreuses autres personnalités ont trouvé leur place au Panthéon de manière durable, de Voltaire et Rousseau à Jean Jaurès en passant par Victor Hugo ou Emile Zola.

Sur le fronton du Panthéon est inscrite sa devise : "Aux grands hommes, la patrie reconnaissante" et cela interroge d’une certaine manière. En effet, quand on regarde la liste de ceux qui y reposent, c’est presque à se demander comment interpréter le mot "hommes".

L'indignation de François Mitterrand

Le 8 mars 1994, à l’occasion de la Journée internationale des femmes, le président de la République François Mitterrand s’indigne : "Il n'est pas normal qu'aucune femme en tant que telle et pas seulement parce qu'elle était la femme d'un grand homme, n'ait été admise au Panthéon qui représente la mémoire nationale. Je pense qu'une femme comme Marie Curie doit aller au Panthéon si sa famille y consent." A l’époque, une seule femme est présente au Panthéon. Il s'agit de Sophie Berthelot et encore elle n’y est que parce qu’elle ne souhaitait pas être séparée de son mari, le scientifique Marcellin Berthelot, au point qu’on la surnommera "L’inconnue du Panthéon". Aujourd’hui, elles sont quatre avec Marie Curie entrée en 1995, ainsi que Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion entrées en 2015.

Comme l’a souligné François Mitterrand, le Panthéon "représente la mémoire nationale". Il est le lieu des héros civils. Chaque nouvelle entrée est l’occasion d’un débat, voire parfois d’une polémique, sur la vision que nous avons de notre histoire, de nos valeurs et de notre identité. Si l’entrée prochaine de Simone Veil au Panthéon fait aujourd’hui la quasi-unanimité, c’est peut-être qu’au-delà de l’émotion que sa mort a provoquée, elle incarnait tout cela à la fois : une existence inscrite dans l’une des pages les plus tragiques de notre histoire, une Européenne convaincue et un symbole de la défense des droits des femmes.

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