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Histoires d'Info. Quand le Canard enchaîné enterrait les ambitions de Chaban-Delmas, en 1972

En janvier 1972, un scoop du Canard enchaîné vient briser l'élan du Premier ministre de l'époque, Jacques Chaban-Delmas.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Jacques Chaban-Delmas annonçant sa candidature à l'élection présidentielle, le 9 avril 1974. (AFP)

Janvier 1972 : le Canard enchaîné publie une information qui va avoir de lourdes conséquences pour le Premier ministre de l'époque, Jacques Chaban-Delmas. Encore une histoire d’argent et de politique.

>> Le Canard enchaîné, un journal satirique forgé par les enquêtes et les révélations 

Le sujet est évoqué, mais indirectement à l'époque sur France Inter : "L'Hôtel Matignon vient de publier une mise au point à la suite d'un article publié par le Canard enchaîné aujourd'hui, affirmant que M. Chaban-Delmas n'a pas payé d'impôt pendant quatre ans, de 1967 à 1970 alors qu'il était président de l'Assemblée nationale."

Rien d'illégal, mais ça passe mal

Le Canard enchaîné a en effet publié les déclarations fiscales du Premier ministre Jacques Chaban-Delmas, du très populaire et ambitieux Premier ministre qui se voyait bien comme le candidat gaulliste succédant à Georges Pompidou, à l’issue de son mandat.

Rien d’illégal, mais que le président de l’Assemblée nationale n’ait pas payé d’impôt en ayant profité à plein de l’avoir fiscal (une nouveauté des années 1960 qui permettait de récupérer, au titre de l’impôt sur le revenu, les sommes déjà versées au titre de l’impôt sur les sociétés, une mesure disparue en 2004) et de la franchise d’impôt en tant que président de l’Assemblée nationale passe évidemment très mal. Le seuil de tolérance des Français n’était pas plus haut hier qu’aujourd’hui.

Une défense à la télévision

Hier comme aujourd'hui, c'est à la télévision qu'on vient de défendre. Qu’on vient prendre l’opinion publique à témoin et que l’on utilise à peu près les mêmes arguments.

Voici la déclaration de Jacques Chaban-Delmas, le 15 janvier 1972 : "Toutes les attaques menées contre moi, qu'il s'agisse des impôts, qu'il s'agisse de la grande fortune cachée, ne reposent strictement sur rien, sur rien d'autre que l'intention de nuire. Pour me discréditer et me disqualifier. A vrai dire, cela dépasse de beaucoup ma personne. Il s'agit, vous l'avez compris, d'une manoeuvre politique destinée à empêcher le Premier ministre de poursuivre sa tâche à la tête du gouvernement et de la majorité."

La chute de Chaban-Delmas

Si le mot "officine" ou "complot" n’est pas prononcé, l’idée est la même. On accuse même le ministre des finances, Valéry Giscard d’Estaing d’être à la manœuvre. Reste que Chaban, qui craignait d’être "discrédité" et "déqualifié" le sera.

Il s’effondre dans les enquêtes d’opinion et sera même débarqué de Matignon en juillet 1972, en partie pour cette raison. Il sera balayé lors de la présidentielle de 1974.

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