Histoires d'info. Retour sur soixante ans de lutte contre l'alcool au volant
Alors que Christophe Castaner a annoncé mardi 12 mars la généralisation l'éthylotest anti-démarrage comme possible alternative à la suspension du permis de conduire, franceinfo revient sur ces soixante dernières années de lutte contre l'alcool au volant.
En fait, la lutte contre l'alcool au volant est relativement récente. Jusqu’à la fin des années 1950, cette question n’était pas légiférée. Tout change en 1959, mais, cela n’est pas encore préventif. Des prises de sang sont effectuées sur les chauffards. Et encore, elles ne sont pas systématiques. D'autant plus que ce n'est que "l'ivresse manifeste" qui est recherchée. Bref, pas grand-chose avant les années 1960.
La naissance (timide) de la lutte contre l'alcool au volant
Il faut attendre la décennie suivante pour qu’on s’attache enfin à mettre en garde les conducteurs sur une consommation, même modérée, qui altère les capacités. "Alors en prenant le volant, méfiez-vous du bien-être suspect que procure l'alcool", disait-on aux automobilistes. Mais encore faut-il le mesurer et le sanctionner, ce "bien-être suspect". C’est tout le travail de la fin des années 1960 avec l’apparition des alcootests ou éthylotests.
La grande loi de 1970
Pour la première fois, en 1970, une loi établit un seuil du taux d'alcool dans le sang. Il est fixé à 1,2 g/l. Soit plus de deux fois plus que ce qui est autorisé aujourd’hui, et six fois plus que pour un jeune conducteur. Les gendarmes qui font souffler dans le ballon font leur apparition sur les routes de France et dans l’imaginaire collectif. Puis vient la responsabilisation des automobilistes. Si, depuis 2012, on est obligé d’avoir un éthylotest dans sa voiture, en 1970, la loi prévoyait déjà cet autocontrôle, encouragé ici à Marseille:
"La prévention routière a distribué 2000 alcootests. L'opération est facile, elle n'est même pas gênante..."
Soufflez et partez tranquilles
Sanctions et communication depuis les années 80
Mais rien ne remplace la sanction. Le seuil d’alcoolémie est abaissé une première fois en 1983, à 0,8 g/l de sang, mais encore fallait-il marquer l’opinion publique. Un an plus tard, le Comité français d’éducation pour la santé lance une campagne de lutte contre l’alcoolisme au volant. La scène se passe dans un restaurant, un midi, et le slogan va rapidement devenir mythique:
Un verre ça va, trois verres, bonjour les dégâts !
1984
Après l’inaction, le contrôle, l’autocontrôle ou la communication, humoristique ou anxiogène, l’éthylotest intégré à la voiture marque l’ultime étape de la lutte contre l’alcool au volant. Chaque année, 20 à 30 000 conducteurs sont sanctionnés pour dépassement du seuil d’alcool dans le sang. En 2017, plus de 700 personnes sont mortes sur les routes à cause de l’alcool, qui demeure la deuxième cause de mortalité après une vitesse excessive.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.