L'opposition des médecins au tiers-payant généralisé remonte à près de 70 ans
En 1949, les médecins sont en grève et le docteur Fontaine, secrétaire général adjoint de la confédération des syndicats médicaux de français a la délicate mission d'en expliquer les causes. Pour comprendre, il faut revenir à une loi du 31 mars 1919 qui accorde la gratuité des soins aux anciens combattants.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondial, les anciens combattants se comptent par millions en France. C'est un aspect bien précis de la loi que rejettent les médecins en 1949 et qui n'est pas sans rappeler le mouvements de grève actuel. C'est déjà le tiers-payant avec son cortège de "paperasserie longue et fastidieuse" qui coince.
Agacés par les délais de remboursement et la paperasserie qu'induit le tiers-payant, en 1949, les médecins n'en veulent plus. Et soixante-six ans plus tard, les arguments n'ont pas changé. C'est toujours le retard de paiement et la paperasserie qui poussent les médecins généralistes à se mettre en grève. Entamé il y a plusieurs semaines, le mouvement doit conduire aujourd'hui à la fermeture des cabinets.
Car si les pharmaciens acceptent la généralisation du tiers-payant dans les années 1980, les médecins ne semblent pas décider à en faire de même.
"On ne peut pas passer trente coups de fil par jour si on voit trente patients pour demander à être remboursé dans les temps ! s'insurgeait un médecin au début du mois de janvier."
Mais il y a certainement plus qu'un simple désagrément matériel. En 1975, les médecins libéraux sont de nouveau en grève pour s'opposer à un projet de généralisation du tiers-payant, un tiers-payant qu'ils accordent par ailleurs très souvent.
Le docteur Monier, nouveau visage de la Confédération des Syndicats Médicaux donne une explication essentielle:
"Le tiers payant n'est pas la solution. Il est important que le médecin soit indépendant des caisses ! "
Indépendance... Le mot est lancé et reprente très certainement le véritable enjeu de la crise actuelle, bien qu'il ne faille pas omettre la paperasserie et les délais de remboursement. Très attaché à leur liberté, les médecins libéraux craignent par dessus tout de la perdre. C'est d'ailleurs écrit noir sur blanc dans l'article 5 du code de déontologie médicale :
"Le médecin ne peut aliéner son indépendance professionnelle sous quelque forme que ce soit"
Ainsi, ce n'est pas qu'une question de prix ou de paperasse qui a débouché sur la crise actuelle. C'est aussi une conception de leur profession que les médecins cherchent aujourd'hui à défendre.
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