La CGT à la pêche à la ligne
À partir du lundi 13 mai et jusqu’à vendredi se tient à Dijon le Congrès de la CGT dans un climat de crise interne. Bousculée par le mouvement des "gilets jaunes", distancée par la CFDT, la confédération dirigée par Philippe Martinez, seul candidat à sa succession, s’interroge sur la ligne à tenir.
La CGT organise son Congrès à Dijon du lundi 13 au vendredi 17 mai, dans un climat de crise interne. Philippe Martinez et le seul candidat à sa succession, mais avec des interrogations sur la ligne à tenir.
La question de la ligne à suivre est une finalement récente dans la longue histoire d’un syndicat né en 1895. Un syndicat où longtemps les choses ont été relativement simples à la CGT.
1947 : le mariage entre la CGT et le PCF règle la question de la ligne à suivre
Le lien entre la confédération et le Parti communiste français est un lien organique au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dans la guerre froide. Un lien qui produit d’ailleurs une scission interne à la CGT, une partie des militants, non communistes partent et fondent en 1947, Force Ouvrière.
Même si officiellement la CGT n’est pas communiste, pendant des décennies, le PCF est la véritable boussole du syndicat.
Un syndicat politisé qui a inscrit dans ses statuts "la lutte des classes", un syndicat dont la ligne et les dirigeants sont définis place du Colonel Fabien. Bref, pas d’indépendance, pas même d’autonomie, mais pas non plus de débats internes, tout est réglé ou presque de l’extérieur…
1996 : la rupture avec le PCF laisse la CGT sans boussole
Tout change en 1996, à l’occasion du 29ème Congrès du parti communiste français. Louis Viannet, sécretaire général de la CGT, quitte les instances dirigeants du PCF et explique son geste:
Cette décision, elle est dans le prolongement du message que je porte, et qui est un message d'affirmation très fort de l'autonomie du mouvement social. Du besoin d'autonomie du mouvement social
Louis Viannet, 19 décembre 1996
"Affirmation de l’autonomie" dit Louis Viannet, mais début des turbulences internes profondes à la CGT.
Désormais sans la boussole idéologique et organisationnelle du Parti communiste, la CGT navigue entre différentes lignes, en témoigne en 2005 quand la base se prononce pour le non au référendum sur la Constitution européenne contre l’avis du Secrétaire général Bernard Thibault.
Philippe Martinez a annoncé qu’ "il n’y a aucune raison que la CGT change de ligne". Pourtant, nombreux sont ceux qui y songent, ceux qui avaient notamment soutenu Thierry Lepaon, son prédécesseur à la tête de la CGT. Et le Parti communiste n’est plus là pour trancher définitivement le débat…
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