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Le long chemin de l'agriculture bio, d'un discours de "fous" au triomphe actuel

Les premiers à défendre le bio sont des médecins, réunis en association dès les années 1950.

Article rédigé par franceinfo
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Une personne choisit des légumes provenant de la culture biologique, le 19 novembre 2000 dans un marché de Paris. (JEAN-PIERRE MULLER / AFP)

L'année 2018 marque un record pour le bio en France, avec + 7.5% en un an pour la production, 2 millions d’hectares en bio et désormais 10% des agriculteurs travaillent en bio dans le pays. Tous les indicateurs sont au vert. Une évolution surtout marquée depuis quelques années, mais la question de la nécessité d’une agriculture biologique, elle, est très ancienne.

Les premiers à avoir défendu le bio en France, pour des raisons médicales, sont des médecins réunis dans l’Afran, l’Association française pour la recherche d’une alimentation normale, organisation créée en 1952.

Son fondateur, Jacques Vivian Bas, qui a très tôt alerté sur les dangers des emballages plastiques sur les aliments ainsi que sur les antibiotiques donnés aux bêtes, est invité à la radio le 7 mars 1960. Il se montre alors optimiste quant à l’évolution des mentalités.

Nous avons été considérés comme des utopistes, des fous, des médecins d'estrade. Maintenant, huit ans après, nous constatons que dans l'industrie alimentaire comme dans l'agriculture, la notion de qualité biologique est évidente et nécessaire.

Jacques Vivian Bas, le 7 mars 1960

à l'ORTF

On est cependant davantage dans l’espoir que dans la réalité tant l’époque est au triomphe de l’agriculture intensive.

Une agriculture bio très présente dans les médias dans les années 1970

À l'époque, la chimie triomphe et bientôt, la Politique agricole commune, la PAC, lancée en 1962, poussera encore plus vers le productivisme, laissant l’agriculture bio à quelques producteurs, pas plus que quelques centaines. Pourtant, ils sont très présents dans les médias, à l’image de ce maraîcher qui a choisi le bio. Nous sommes dans le Journal de 20h de l’ORTF du 3 juillet 1971, et un agriculteur tient des propos très actuels : "Comment en êtes-vous venu à bannir les éléments chimiques dans votre culture ? C'est venu parce que j'ai manqué de m'empoisonner avec les traitements et c'est ce qui m'a décidé à arrêter, parce que non seulement je m'empoisonnais, mais j'empoisonnais aussi les autres."

Le tournant des années 1980

Durant les années 1970, l’agriculture biologique fait d’importants progrès, notamment avec le Salon Marjolaine, dédié aux produits bios, lancé en 1976, mais il manque encore l’essentiel.

L’essentiel, c’est la labellisation, le fait que la force publique dise ce qui est bio et ce qui ne l’est pas - une nécessité absolue pour le consommateur - et le décollage de la filière. Après plusieurs années de lobbying intense en ce sens, en juillet 1980, enfin, la loi d’orientation d’agricole permet au ministère de l’Agriculture de s’engager dans cette direction.

Après le cahier des charges, le label apparaîtra en 1985, marquant une étape majeure même si le chemin fut encore long avant le triomphe d’aujourd’hui. Un chemin inachevé et marqué par une adhésion à l’agriculture bio nourrie par une défiance de plus en plus forte envers l’agriculture productiviste.

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