Le particularisme alsacien face au redécoupage régional
La revendication du particularisme alsacien
En août 1990, Pierre Joxe, le Ministre de l'Intérieur, présente en conseil des Ministres un projet de loi mort-né.
C'est celui qui prévoyait la coopération accrue entre des régions limitrophes. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que cela ne passe pas en Alsace dont la seule région contigüe est la Lorraine.
La réponse est catégorique, pas question de se rapprocher de son voisin lorrain.
Cet enterrement résonne évidemment dans l'actualité d'aujourd'hui, l'Alsace restant aujourd'hui l'une des régions qui résiste le plus farouchement à la réorganisation des régions décidée par le gouvernement. Réorganisation soumise aujourd'hui au vote solennel de l'Assemblée Nationale.
Ainsi, au 1er janvier 2016, la France comptera 13 régions métropolitaines contre 22 actuellement, dont une regroupant l'Alsace, la Lorraine, et la Champagne-Ardenne. En Alsace, on grince des dents, tant et si bien que la capitale de cette nouvelle entité a été dévoilée en avance, Strasbourg, histoire de calmer les Alsaciens.
Le particularisme alsacien tient à l'histoire particulière de la région dans l'espace national. Pierre Pflimlin a réalisé le premier découpage régional en 1955, celui qui a fait de l'Alsace une région à part entière. Longtemps maire de Strasbourg, il explique en 1964 une source de ce que l'on appelle le particularisme alsacien.
"Le dialecte entre pour une large part dans la personnalité alsacienne" soutient-il. "C'est en parlant le dialecte que les Alsaciens ont réussi à conserver cette forte personnalité qui leur a permis de résister à la germanisation"
Et de fait, en Alsace, la crainte de la dissolution de l'identité alsacienne dans un vaste ensemble régional, avec les Français de l'intérieur, selon l'expression consacrée, est forte.
Mais aussi la peur d'un abandon de la région par Paris
Mais paradoxalement, l'Alsace craint dans le même temps d'être abandonnée par la France et le poids de l'histoire est évidemment très fort dans ce sentiment.
En 1984, alors que le choix de Grenoble pour l'accueil de l'accélérateur de particules vient d'être officialisé, au nez et à la barbe de Strasbourg, François Mitterrand se déplace en Alsace pour rassurer la région qui craint un abandon par Paris.
"Il ne faut pas plaider pour l'abandon par la France de l'Alsace ! "
Ainsi, toujours partagée entre la peur d'être abandonnée et la peur de perdre son âme, l'Alsace s'interroge plus que jamais sur son identité.
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