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Les socialistes qui s'opposent à une privatisation: un retour aux sources

Le PS est à l’origine de la très longue procédure qui pourrait aboutir à un Référendum d’Initiative Populaire pour s’opposer à la décision du gouvernement de privatiser ADP. En difficulté, le PS paraît renouer avec ses origines…

Article rédigé par franceinfo
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François Mitterrand vient d'être élu président de la République dans la nuit du 10 au 11 mai 1981. Il remercie les militants de l'avoir soutenu pendant la campagne électorale. (DOMINIQUE FAGET / AFP)

Longtemps, le rejet des privatisations et la promotion des nationalisations a fait partie du bagage idéologique des socialistes français. 

Ecoutez ici François Mitterrand, qui répond à Valery Giscard d’Estaing, au sujet des nationalisations. C’est le débat entre les deux candidats qui se disputent l’élection présidentielle de 1974… 

"Je compte demander au gouvernement de nationaliser les neuf entreprises industrielles qui détiennent un secteur clé de l'économie d'une façon monopolistique."

Une vague de nationalisations en 1982

Mitterrand sera battu en 1974, mais victorieux en 1981, et il mettra en œuvre une vaste politique de nationalisations effective en 1982 après des mois de débats.   

Une vague de nationalisation plus importante même que la précédente, celle de 1945-1946 ; le secteur bancaire et grandes entreprises industrielles comme Thomson, Rhône-Poulenc, ou Saint Gobain sont nationalisées par la gauche, tant et si bien qu’en 1983, un salarié français sur 4 travaillent dans une entreprise publique. Un mouvement de nationalisation qui s’achève avec l’arrivée de la droite au pouvoir en 1986-1987 et qui lance un programme de privatisation…  

Le temps du Ni-Ni (1988-1993)

En 1988, François Mitterrand est réélu, mais cela se marque par une inflexion idéologique, ce qu’on appelle le ni-ni : ni renationalisation des entreprises privatisées par la droite, ni privatisation nouvelle.

En 1990, dans l’émission 7/ 7 face à Anne Sinclair, le président de la république défend un pragmatisme économique qui traduit bien la conversion de la gauche à l’économie de marché, tout en précisant cependant son attachement au secteur public:

"Il n'y a pas de théorie politique de nationalisation, mais y'en a pas non plus de privatisation. Je vous le dis tout de suite. J'entends bien qu'à la fin de mon mandat, je n'ai en rien dilapider le domaine public. Cela appartient à la nation. Je ne le dilapiderai pas."

Les paroles contre les actes (1997-2002)

On voit les socialistes évoluer lentement, mais ils restent idéologiquement opposés aux privatisations, critiquant celles engagées par le gouvernement Balladur entre 1993 et 1995 puis Juppé entre 1995 et 1997 (privatisations de la BNP, de Rhône-Poulenc, de Total, d’AGF...)

D’ailleurs, lors des législatives organisées en 1997 à l’issue de la dissolution décidée par Jacques Chirac, Lionel Jospin en fait un thème de campagne qui paraît très sincère:

La privatisation, c'est la droite. Qu'on ne s'attende pas que la gauche mène la politique de la droite

Lionel Jospin, 1997

Les privatisations comme marqueurs du clivage gauche/droite… sauf qu’une fois au pouvoir, la gauche plurielle va bien rapidement oublier ces grands discours de campagne.

Par pragmatisme mais aussi par bascule idéologique, entre 1997 et 2002, la gauche plurielle va ouvrir le capital de nombreuses entreprises publiques,  Les Autoroutes du Sud de la France, mais aussi Air France, France Telecom bien sûr ou le CIC.

Un mouvement qui ne s’arrêtera plus, sous les gouvernements de droite mais aussi de ceux de Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls.

Alors, oui clairement, le PS qui s’oppose à une privatisation, c’est un retour aux sources.

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