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Quand l'ayatollah Komeiny faisait la révolution depuis un village français

Pendant 112 jours, et ce juste avant la révolution qui le portera au pouvoir en Iran, l'ayatollah Khomeiny a séjourné dans les Yvelines, suscitant curiosité, crainte mais aussi, admiration.
Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min
Franceinfo (Franceinfo)

Retour au début du mois de novembre 1978. Depuis quelques jours, des habitants des Yvelines en région parisienne ont un nouveau voisin. Un voisin un peu particulier…Le journaliste Alain de Chalvron raconte:

"Neauphle-le-Château, 1.558 habitants, un petit village dans la banlieue ouest de Paris. On passe l'église, on descend dans la vallée et on arrive devant un petit pavillon d'apparence ordinaire s'il n'y avait devant la porte d'entrée deux gendarmes armés de mitraillettes. Autre élément étrange dans ce décor, des dizaines de voitures venues d'Allemagne, de Hollande, de Suisse, les voitures des pèlerins. Dans ce cadre d'une banalité presque affligeante, l'ayatollah Khomeiny partage son temps entre les prières et les audiences qu'il accorde aux fidèles.  Le grand moment de la journée est la prière de 13 heures. Sous le pommier dans le jardin, on place une toilée cirée en guise de tapis. C'est là que 50 à 60 Iraniens se livrent tous les jours à leur dévotion avec ferveur. "

Comment l’ayatollah Khomeiny, le principal adversaire du Shah d’Iran, allié de la France, a-t-il pu se retrouver à Neauphle le Château ? Après 14 ans d’exil, Khomeini doit quitter l’Irak qui lui a demandé de cesser toute activité subversive contre l’Iran. Il songe au Liban ou à la Syrie, mais il ne pourrait diffuser son discours révolutionnaire. Le choix se porte alors sur la France, pays où la liberté d’expression est garantie, mais aussi où les Iraniens peuvent entrer sans visa. Liberté d’expression d’accord, mais de là à appeler à la révolution, et de renverser un allié de la France.

Le 21 novembre, lors d’une conférence de presse, Valéry Giscard d’Estaing répond à une inquiétude croissante.

"L'ayatollah Khomeini est venu en France dans des conditions régulières, comme un étranger en résidence en France. Il lui a été indiqué à deux reprises que le sol de la France n'était pas un territoire d'où pouvaient être lancés des appels à des actions de violence. "

Et de fait, Khomeiny diffuse via des cassettes son appel à la révolution. On parlera même de "révolution des cassettes", mais il est assez intelligent pour avoir un autre discours dans les médias français.  Avec sa grande barbe et son discours modéré et spirituel, on le présente comme un chef religieux non-violent, un nouveau Gandhi même qui plait aux intellectuels, notamment l’un des plus grands d’entre eux, Michel Foucault, qui se fera grand défenseur de l’ayatollah et de la révolution islamique.

Mais après 112 jours France, c’est bien un dictateur en puissance qui s’envole, vers Téhéran.

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