Radio France en 2015, comme un air de déjà-vu...
La Maison de la Radio est inaugurée en grande pompe, mais les nuages s’accumulent. Depuis un an, il y a des déficits et les grèves sont de plus en plus nombreuses. Non, ce n'est pas une description de 2015, mais de 1963.
Le parallèle est tentant à plus d’un titre
A l'époque, l'Etat cherche à moderniser la RTF en créant un Conseil d’Administration qui fera le tampon entre la radio et la télévision, d’un côté, et le gouvernement de l’autre. Avec la perspective d'une deuxième chaîne, il n'est plus envisageable que le gouvernement ait l'oeil sur toutes les dépenses de la future ORTF. Il faut lui donner plus d'autonomie financière et plus de liberté pour gérer ses personnels qui étaient alors des quasi-fonctionnaires. Les syndicats sont inquiets. Mais de Gaulle aussi qui craint de perdre la main sur la télé et la radio. Il refuse alors de perdre le contrôle de la nomination du président de la radio et de la télé publique mais aussi des membres du Conseil d’administration. Face à la puissance des syndicats, Alain Peyreffite, ministre de la Culture de l'époque, cherche une tactique pour imposer sa réforme de la RTF. La tactique choisie est révélée dans une note d’août 1962 :
"Au lieu d’engager immédiatement le combat sur le statut lui-même, ne serait-il pas plus opportun de faire l’inventaire complet des maux de la RTF. Il serait facile alors de désamorcer complètement la campagne préparée par l’opposition"
Illustration en mai 1964 lors du débat sur le statut de l’ORTF. La Cour des comptes vient de publier un rapport très dur sur la gestion de la RTF. Le député gaulliste Robert-André Vivien s’attaque à une question ultra sensible…
"Chacun sait que le système actuel combine pour les personnels les avantages de la fonction publique et ceux du privé. La RTF se trouve à l'heure actuelle encombrée d'une série d'inutiles à contrats de longue durée. En pratique, une fois que les agents sont dans leur fonction, on ne peut plus s'en débarrasser. On peut tout au plus les pousser vers des voies de garages mais ils continuent à être payés pour ne rien faire ou défendre ces gangs, ces féodalités, ces bastilles..."
Il est tout de même frappant de voir à quel point les propos de Vivien résonnent avec ceux de la Cour des comptes qui vient de remettre, 51 ans plus tard, son rapport sur Radio France. Frappant aussi de voir qu’il y a 51 ans comme aujourd’hui, réformer la radio publique passe nécessairement par un rapport de force dont la grève actuelle rappelle douloureusement la réalité.
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