Yves Veyrier et le balancier idéologique de Force Ouvrière
Yves Veyrier est donc le nouveau Secrétaire général de Force ouvrière. Un nouveau secrétaire et une nouvelle ligne politique pour une confédération syndicale qui se cherche depuis bien longtemps.
La neutralité et le réformisme à l'origine de F.O.
Tout commence le 19 décembre 1947. C’est le jour où la CGT vole en éclats. Léon Jouhaux, le secrétaire de la CGT et quatre secrétaires confédéraux viennent d’annoncer qu’ils la quittent et fondent une nouvelle confédération syndicale, Forces Ouvrières, de son nom complet CGT-FO. À la radio, l’un de ceux qui ont œuvré le plus à la scission, Oreste Capocci, explique cette décision historique :
Les grèves [de 1947], que nous ne pouvons pas condamner en tant que grèves...on s'est servi de de la misère ouvrière pour un but qui n'avait rien à voir avec la revendication elle-même. Car, ce n'est pas toujours par des grèves et surtout des grèves illimitées et générales qu'on rétablit un ordre social qui permette aux ouvriers de reconquérir le moyen de vivre
Oreste Capocci
F.O. rejette la CGT et l’idéologie révolutionnaire qui la sous-tend. Selon eux, la nouvelle confédération doit être absolument neutre politiquement, elle le restera d’ailleurs, étant le seul syndicat à refuser de donner une consigne de vote au second tour de la présidentielle entre Le Pen et Macron. Neutre, contrairement à la CGT lié au parti communiste, ce qui est contraire au principe de l’indépendance syndicale posé pourtant en 1906 lors de la Charte d’Amiens.
Le balancier idéologique
Cette ligne réformiste va tenir longtemps. Elle est incarnée par le long règne d’André Bergeron, Secrétaire général entre 1963 et 1989. L’ennemi reste pendant toute cette période la CGT avec qui il est absolument inenvisageable de travailler.
Changement de ton brutal avec l’arrivée de Marc Blondel à la tête de F.O. en 1989. Le réformisme, la recherche du compromis, laisse la place à un discours plus radical avec comme point d’orgue les grandes grèves de novembre-décembre 1995 et la poignée de main avec Louis Viannet, son homologue de la CGT. Un événement qui passe très mal auprès de nombreux membres de F.O. Certains tentent en vain de prendre le pouvoir.
La fin du règne de Blondel en 2004 se traduira par un retour de la ligne réformiste à la tête de F.O. avec Jean-Claude Mailly qui s’en était pris à l’extrême gauche de F.O. lors des débats sur la loi travail. Et le jeu de balancier idéologique se poursuivra ensuite avec l’arrivée d’un anarchiste, Pascal Pavageau.
Un jeu de balancier qui en long sur les tiraillements idéologiques d’un syndicat qui comprend des républicains, des anarchistes, d’anciens trotskystes et beaucoup de socialistes.
Dernier balancier en date, donc la nomination d’Yves Veyrier marque le retour d’un réformiste.
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