Cet article date de plus de treize ans.

La rigueur, de rigueur

Les journaux s'interrogent ce matin sur l'ampleur des économies qui seront annoncées aujourd'hui par François Fillon.
Article rédigé par Jean-Christophe Martin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Franceinfo (Franceinfo)

Rigueur, le mot est à la "Une" des Echos, du Parisien, de la Montagne ou encore de la Dépêche du Midi et d'Ouest France. En revanche visiblement c'est toujours un gros mot du côté du Figaro qui préfère parler de la "grande bataille contre les déficits". Et quand le mot "rigueur" apparaît dans les pages intérieures, c'est entre guillemets... Admirable pudeur, le Figaro s'en explique d'ailleurs, puisqu'il précise que le mot "rigueur" est banni du langage gouvernemental, donc si on comprend également banni du Figaro qui précise encore qu'on n'a pas le droit de dire "rigueur", mais qu'on doit parler d'un budget "exemplairement rigoureux", évidemment ça n'est pas la même chose, ça on peut, le Figaro précise encore que "seul l'adjectif est accepté dans la langue gouvernementale", langue admirablement maîtrisée dans les colonnes du Figaro qui a visiblement bien potassé son petit précis de langue sarkozienne...

Rigueur, c'est pourtant le mot du jour du Figaro, pas dans les pages politiques, mais seulement en toute dernière page et en toute discrétion, dans la chronique d'Etienne de Montety qui confirme avec humour que c'est bien un gros mot...  Dans le genre acrobatie linguistique, la palme pour le gratuit Direct Matin qui parle lui joliment non pas de rigueur dans son titre à la "Une", mais de la "diète contre la dette"...

D'une façon ou d'une autre, c'est donc la rigueur qui est à la "Une"...

La rigueur donc, on ose à peine le dire, qu'on l'appelle bataille contre les déficits comme le Figaro, tour de vis comme dit le Parisien, ou plan de rigueur comme disent grossièrement la Tribune et les Echos, la rigueur est à la une. La Croix est encore plus grossière, puisqu'elle double le mot à la une, "la rigueur, de rigueur". Une rigueur qui devient une "saignée", c'est le titre de l'Humanité sur fond de tâches de sang... L'Huma qui est la plus cruelle ce matin : pour Patrick Apel-Muller, François Fillon qui se rêve Churchill n'est que Gamelin, le général de la ligne Maginot, et en promettant l'un des budgets les plus rigoureux depuis 1945, en évoquant ainsi l'image d'une France humiliée et pillée, Fillon s'accuse lui-même d'une dramatique régression.  

Et justement, on a aussi une idée un peu plus précise avec la presse de ce qui sera annoncé tout à l'heure par François Fillon...

Qu'y aura-t-il dans ce plan de rigueur, selon les Echos, parmi les nouveautés du jour, il y en a une qui va marquer les esprits : François Fillon devrait annoncer une accélération surprise de la réforme des retraites, en portant l'âge légal à 62 ans dès 2017 ou même dès 2016 au lieu de 2018 comme c'était prévu. Toujours selon les Echos, les effets de la réforme des retraites seraient déjà massifs, les Echos qui chiffrent ces effets à près de 8 milliards d'économies à l'horizon 2018...

Pour Michel Urvoy dans Ouest France, de réajustements en plan d'économies, c'est une accélération un peu affolante... Ouest France qui rappelle la petite phrase de François Fillon : "je suis à la tête d'un Etat qui est en faillite", ça n'était après les crises de 2008 ou 2011, c'était en 2007... Et le bilan établi toujours par Ouest France n'est pas franchement reluisant : quatre ans après,  les déficits multipliés par deux, la croissance au ralenti, le chômage à la hausse... Pour Ouest France, François Fillon a voulu limiter la dépense, Nicolas Sarkozy a voulu alléger l'impôt, ce qu'ils n'ont réussi à faire ni l'un ni l'autre...

Quant à François Hollande, Libération l'a trouvé trop discret ces derniers temps, alors Libé s'est dévoué en allant demander au candidat socialiste à la présidentielle ce qu'il en pense de tout ça. Réponse : pas besoin de donner son avis sur tout, tout le temps, je ne suis pas le contre-président, dit-il, je suis le prochain... Bel optimisme que Libération ne semble pas partager en s'interrogeant sur la stratégie d'effacement choisie par François Hollande, pour Sylvain Bourmeau dans Libération, une telle stratégie conduirait la gauche à coup sûr vers son quatrième échec consécutif... Hollande qui veut donner du sens à la rigueur, c'est ce qu'il dit pour présenter son programme, visiblement pour Libération, il faudra aussi donner du sens à sa candidature. Sinon les électeurs pourraient bien lui en tenir "rigueur"...

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{{9H17 : L’hyper revue de presse}}

Avec Jean-Christophe Martin, Anne-Elisabeth Lemoine et Jean Leymarie

 

 

 

 

 

A la une de la presse : "rigueur", "saignée" et "bataille contre les déficits".

IInvitée de l'hyper revue de presse : Muriel Roos, créatrice et éditrice indépendante du bimestriel Femme majuscule, dont le numéro 5 sort demain. A la une : "Génération : chacune à sa place", et à l'approche de la période des fêtes : les cadeaux, baromètre du couple.

 

La chronique d'Anne-Elisabeth Lemoine : de l'enfant-roi au ras-le-bol des enfants.

 

{{10H12 : En direct avec les Echos}}

 

 

 

Avec Dominique Seux, rédacteur en chef aux Echos. A la "Une" : "François Fillon accélère la réforme des retraites" : selon les Echos, parmi les nouveautés du jour, il y en a une qui va marquer les esprits, François Fillon devrait annoncer une accélération de la réforme des retraites, en portant l'âge légal à 62 ans dès 2017 ou même dès 2016 au lieu de 2018 comme c'était prévu.

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