Salaire du dealer et France-Algérie
Une question d'abord : combien gagne un dealer de cannabis ?
Et la réponse est dans le Figaro qui a eu accès à la première étude du genre... réalisée pour le compte de la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie.
Ce qui est étonnant, c'est que pour parler de l'économie souterraine du haschich, on parle dans cette étude comme à la bourse, profits, marché et primes de risques...
Un semi-grossiste peut ainsi gagner jusqu'à un demi-million d'euros par an, alors que le petit dealer des rues perçoit moins que le SMIC... On estime que 100 000 petits revendeurs se partagent aujourd'hui le trafic pour un chiffre d'affaires annuel de plus de 830 millions d'euros.
Et comme on dit dans la pub Jean-Christophe, puisque c'est un marché, il a son coeur de cible...
Et le coeur de cible le voilà : un garçon sur six et une fille sur quinze, qui se disent fumeurs réguliers à 17 ans.
Ces usagers réguliers seraient aujourd'hui 1 million 200 000 en France, dont près de la moitié qui fument leurs joints tous les jours. Un marché pareil ne peut pas échapper à d'audacieux entrepreneurs... ces semi-grossistes qui seraient au moins 700, les plus performants écoulent jusqu'à 300 kilos de drogue par an...
Pour eux c'est rentable, beaucoup moins pour le dealer de base, lui il n'écoule pas plus d'un ou deux kilos de cannabis par an, et finalement ne gagne pas plus qu'avec un honnête travail, les risques en plus.-Car dans l'économie souterraine comme ailleurs on calcule les risques : ce que les auteurs de l'étude appellent la taxe judiciaire...
Pour la cocaïne cette fois, on estime que c'est 24 pour cent du prix final, et c'est comme partout, il faut compter avec la concurrence... autrement dit les règlements de comptes parfois sanglants entre trafiquants, et ça c'est un tiers du prix final. C'est ce qu'on appelle au sens propre la concurrence impitoyable...
Voilà pour cette étude sur le cannabis, mais ce qui fait la une de la presse ce matin, c'est la visite en Algérie de Nicolas Sarkozy...
Français-Algériens, une nouvelle histoire, à la Une du Parisien-Aujourd'hui en France, Sarkozy en Algérie pour ouvrir une nouvelle ère... Et pourtant pas question de présenter les excuses qu'Alger réclame à la France pour les crimes de la colonisation, crimes entre guillemets dans le Parisien, tout est dans ces guillemets... Près de 50 ans après l'indépendance de l'Algérie, c'est comme si des deux côtés une partie de l'histoire du passé commun restait entre guillemets...
A tel point que prendre l'avion pour Alger ou tout annuler et rester à Paris, Libération raconte que la question a taraudé Nicolas Sarkozy la semaine dernière après la sortie antisémite du ministre algérien des anciens combattants et qu'il s'en est fallu d'un rien que tout soit annulé.
Le ton était donné en tout cas, avant même le début de cette visite, rien n'est jamais facile entre la France et l'Algérie, et décidément comme titre le Figaro c'est une délicate mission algérienne pour le président, avec les polémiques qui ressurgissent une fois de plus sur le passé colonial.
C'est la mémoire des maux, à la une de l'Humanité, les maux comme les maux de tête, ambiance glaciale pour ce voyage en Algérie dit l'Humanité qui demande comme un impératif la reconnaissance des crimes des colonisateurs français... pas comme une repentance, mais comme la reconnaissance d'une histoire sanglante, indispensable à la réconciliation des mémoires des deux côtés de la Méditerranée. Et comme l'Humanité ne croit visiblement pas que c'est pour bientôt, elle conclut que rien n'autorise à espérer que Nicolas Sarkozy propose à l'Algérie autre chose que "travailler plus pour faire gagner plus" à des firmes comme Total... puisque dit l'Humanité, ce sont les contrats juteux pour les grandes firmes françaises et cela d'abord qui motivent Nicolas Sarkozy.
Mémoire de la guerre, guerre de la mémoire : la Croix n'est guère optimiste non plus, l'heure n'est pas encore venue dit La Croix de démêler ces groupes de mots qui entravent les relations entre Paris et Alger, car le pardon mutuel ou au moins la reconnaissance de la douleur de l'autre ne se décrètent pas. On aurait pu penser souligne Nice Matin qu'après bientôt un demi-siècle depuis l'indépendance de l'Algérie, les relations entre les deux Etats ont eu tout le temps de se normaliser, mais il n'en est rien.
Tant pis : restent les fameux contrats... Car pour séduire l'Algérie, Nicolas Sarkozy fait d'abord un pari économique dit le Midi Libre... Et la Montagne à Clermont-Ferrand se fait philosophe, ces contrats, ils devraient aider à éclaircir l'avenir entre Français et Algériens, amis pas faciles, mais quand même partenaires, et c'est le temps fera le reste sur chaque rive de la Méditerranée.
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