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Ils ont fait l'actu. Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT

Marylise Léon a récemment pris la tête de la CFDT après Laurent Berger. Élue à l'unanimité et deuxième femme à occuper ce poste, elle revient sur cette succession, sur la source de son engagement syndical, et les défis à venir.
Article rédigé par franceinfo, Sandrine Etoa-Andegue
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, à Paris, le 12 juillet 2023. (BERTRAND GUAY / AFP)

Le 21 juin 2023, Marylise Léon prend la suite de Laurent Berger à la tête de la CFDT. Élue à l'unanimité par le bureau national et acclamée par les militants au Zénith de Paris, l'ex numéro deux s'était préparée depuis plus d'un an à cette transition. Après Nicole Notat, c'est la deuxième femme à occuper ce poste. 

"Je suis très honorée, je suis très fière. Je sais que c'est une énorme responsabilité. Je pense que j'ai beaucoup de chance de prendre la suite de Laurent parce que la maison, elle, se porte très bien. Les travailleurs nous attendent au tournant. Ils comptent sur la CFDT, donc ça met, je dirais, du piment au mandat". 

Marylise Léon incarne la continuité à la CFDT, syndicat de la négociation du compromis. Mais elle veut aussi proposer un syndicalisme de transformation sociale, d'égalité femme-homme, de transformation écologique. À 46 ans, elle prend la tête de la première organisation syndicale de France en nombre d'adhérents, à 660 000, dont 48 000 de plus, à la faveur de la contestation contre la réforme des retraites. C'est d'ailleurs elle qui a représenté la CFDT à l'intérieur de l'intersyndicale.

Sur la photo, elle n'était jamais loin de Laurent Berger, mais pas complètement dans la lumière. Aussi parce qu'elle sera sans cesse comparée à Sophie Binet, forte personnalité devenue numéro un de la CGT. La discrète Marylise Léon va devoir définir son style, imprimer sa marque et se dévoiler un petit peu. 

"Je souhaite une CFDT cohérente et bien dans ses baskets"

"Oui, c'est sûr que passer après un leader charismatique, cela pose la question de reprendre le flambeau, dit-elle. Je pense que la meilleure des choses, c'est d'être soi-même. Surtout ne pas essayer de faire comme ses prédécesseurs et puis de toujours avoir le souci de ce qu'est l'organisation, de ce qu'elle attend d'un secrétaire général. Ce qui m'importe aujourd'hui, c'est de continuer d'avoir une CFDT cohérente qui est bien dans ses baskets, qui assume son syndicalisme, qui reste elle-même". 

Elle revient également sur son engagement syndical. Pourquoi s'est-elle dirigée vers la CFDT et non la CGT par exemple ? "Je me suis engagée dans le syndicalisme en commençant à travailler, explique-t-elle. J'étais responsable sécurité environnement, je tournais dans beaucoup de lieux industriels. Et pourquoi la CFDT ? Parce que c'est une question de rencontre. J'ai rencontré des militants absolument extraordinaires, qui m'ont tout de suite dit que j'étais capable de penser par moi-même. Je suis arrivée à la CFDT après EDF où il y avait eu 31 morts et j'ai tout de suite travaillé avec des représentants du personnel qui m'ont expliqué que lorsqu'il y a un pépin industriel, c'est souvent les salariés les premiers concernés".

Sur sa vie privée, peu de choses fuitent. On dit qu'elle est fan de semi-marathon et de tricot. "Il y a des trucs très vieux qui sont ressortis ( dans la presse). Je cours toujours, je tricote quand j'ai l'occasion, ça me fait beaucoup de bien. C'est du yoga de l'esprit. Et j'adore la bande dessinée, notamment des femmes autrices qui font des superbes œuvres. J'ai fait un moment, beaucoup de pâtisserie".

Quand à son côté sage et lisse qu'on lui prête, elle s'explique : "J'aime bien créer la surprise. Il y a plusieurs situations, notamment dans des négociations où mes interlocuteurs m'ont dit "on ne vous avait pas vu venir" (...) mais cela fait partie de ma personnalité et de ma façon aussi d'avancer et d'obtenir ce que je veux".

Bloquer le pays par une grève n'est pas une solution envisageable pour la CFDT

Pour conclure, on lui demande si la grève reconductible est toujours un mot interdit pour la CFDT. "Non, ça dépend du contexte. Car on peut avoir une grève reconductible à l'échelle d'une entreprise, donne-t-elle en exemple. La question de la grève nationale interprofessionnelle reconductible, de mon point de vue, c'est quelque chose qui est de l'ordre du fantasme, c'est-à-dire bloquer sur un long moment un pays, ce n'est pas forcément la meilleure façon d'obtenir ce que l'on veut. L'intersyndicale n'a pas souhaité appeler à cette grève reconductible. Je pense que l'on a bien fait". 

"Je n'ai toujours pas reçu de message de la part d'Emmanuel Macron, confie-t-elle lorsqu'on lui demande si elle a reçu un appel de la part du Président. Mais j'ai eu tellement des messages de militants et militantes que franchement, ça me convient très bien. Je crois qu'il a quand même été toujours d'usage, quand un responsable syndical arrivait en responsabilités, qu'il ait à la fois un petit mot du ou de la Première ministre (ce qu'a fait Elisabeth Borne) et du président de la République, ce que n'a pas fait Emmanuel Macron".

Cet été, Marylise Léon s'accorde une quinzaine de jours de vacances, temps de repos familial et sportif avant de rouvrir les dossiers de la rentrée : les négociations sur les retraites complémentaires, l'emploi des seniors et la reconversion professionnelle. 

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