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Ils ont fait l'actu. Mohamed Mbougar Sarr, prix Goncourt 2021, devenu symbole malgré lui

Sandrine Etoa-Andegue revient sur les événements marquants de l'année. Et ce sont ceux qui les ont vécus qui vous les racontent. L'écrivain a vu sa vie basculer le jour où il a obtenu le prix Goncourt grace à son livre : "La plus secrète mémoire des hommes".

Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Mohamed Mbougar Sarr en novembre 2021. (THOMAS SAMSON / AFP)

3 novembre 2021, retour aux traditions pour le Goncourt, de nouveau annoncé en présentiel depuis le célèbre restaurant Drouant à Paris. Le lauréat s'appelle Mohamed Mbougar Sarr et il est récompensé pour son quatrième livre, La plus secrète mémoire des hommes, aux éditions Philippe Rey et Jimsaan. Son jeune âge – 31 ans – et son origine sont soulignés. L'auteur né au Sénégal est le premier écrivain d'Afrique subsaharienne à être distingué par le plus prestigieux des prix littéraires français 

La plus secrète mémoire des hommes est inspiré du destin d'un écrivain malien Yambo Ouologuem, encensé par la critique française à la fin des années 60 avant de tomber en disgrâce à la suite d'accusations de plagiat. C'est un roman prodigieux, à la fois érudit, sensuel et drôle, qui entraîne le lecteur à travers le temps et les continents. Cette impressionnante fresque est aussi une profonde réflexion sur le pouvoir de la littérature, les rapports entre la France et l'Afrique. Mohamed Mbougar Sarr qui a écumé presque tous les festivals littéraires possibles en France ces derniers mois accepte d'être devenu un symbole malgré lui. "Je préfère revendiquer une singularité d'écrivain. Cependant, comme symbole – parce qu'en un sens, j'en suis un aussi – je peux être utile à une certaine communauté, un exemple, un modèle pour une jeune génération qui n'a peut-être jamais vu à ce stade, dans ces sphères-là, un jeune Africain. Si ça peut les inspirer, leur donner confiance, leur donner un sentiment d'une plus grande légitimité, de croire en soi, pourquoi pas ?"

"Je sais que les symboles sont importants mais il faut toujours veiller à ce que le symbole ne l'emporte pas sur la raison pour lequel vous êtes devenu un symbole."

Mohamed Mbougar Sarr

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Né en 1990, fils d'un médecin de Diourbel, dans le centre du Sénégal, le Goncourt se révèle excellent élève et avide lecteur. Il intègre la filière d'élite des garçons de son pays, le prytanée militaire de Saint-Louis-du-Sénégal. Beaucoup de métiers lui viennent en tête, médecin, footballeur, militaire, journaliste, avocat, professeur... Et à l'heure des études supérieures, ce surdoué choisit une autre filière d'élite, les classes préparatoires littéraires en France, dans un lycée de Compiègne près de Paris, avant des études à l'École des hautes études en sciences sociales.

Ses recherches portaient sur la grande voix de la littérature africaine et chantre de la Négritude, Léopold Sedar Senghor. Mais il n'a pas terminé sa thèse, la fiction l'a emporté, il se consacre entièrement à la littérature. Il publie un premier livre à 24 ans, puis rejoint la maison d'édition Philippe Rey, connu pour son exigence, pour ses troisième et quatrième livres.

Il faut être prêt à accueillir énormément de monde

L'après-Goncourt a été un tourbillon auquel, il n'était pas "préparé""Ça demande un temps d'adaptation, c'est un rythme de vie qui change totalement. Il faut se préparer à ne plus être chez vous plus de deux jours de suite. Vous commencez une vie de voyage, de déplacements, ce sont des heures de signatures, de rencontres à travers toute la France. Il faut le gérer mentalement et physiquement. Il faut être prêt à accueillir énormément de monde, de visages qui, eux, vous connaissent mais que vous, vous ne connaissez pas, mais que vous devez accueillir comme eux vous accueillent."

Après son marathon de festivals, Mohamed Mbougar Sarr compte rattraper ses heures de sommeil en retard. Lectures, tour de France. Surtout ne rien faire.

 

















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