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Ils ont fait l'actu. Que devient Yoann Barbereau poursuivi pour pédophilie en Russie ?

Le 8 novembre 2017, après 15 jours passés dans un hôpital psychiatrique et trois mois de prison en Sibérie, Yoann Barbereau, 40 ans, est de retour en France. Le Nantais, directeur de l'Alliance française d'Irkoutsk, était accusé en Russie de pédophilie. Pour échapper à de longues années de prison, il s'était réfugié pendant plusieurs mois à l'ambassade de France à Moscou.

Article rédigé par franceinfo, Sébastien Baer
Radio France
Publié Mis à jour
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Yoann Barbereau, ex-directeur de l'Alliance française à Irkoutsk, en Sibérie. (LOIC VENANCE / AFP)

Yoann Barbereau a fui Irkoutsk en Sibérie où il était accusé de pédophilie parce qu'il était ami avec le maire de la commune, un oppposant à Vladimir Poutine. Quelques jours après son arrivée en France, Yoann Barbereau donne davantage de détails sur sa cavale réalisée grace à une application de covoiturage puis, à pied, au milieu de la fôret et en pleine nuit pour quitter le territoire russe. Le Nantais explique aussi avoir été victime d'un complot avec des preuves fabriquées en raison de sa trop grande proximité avec le maire d'Irkoutsk, un opposant à Vladimir Poutine.

Au total, Yoann Barbereau aura été séparé de sa fille pendant près de trois années jusqu'aux retrouvailles quelques jours après son retour : "J'étais séparé de ma fille, elle avait cinq ans. Je retrouve une petite fille de huit ans. C'est un enfant qui a grandi sans son père. Elle même a très bien compris ce qu'il s'était passé. Elle a su de quoi j'ai été accusé. Comment on a essayé de l'utiliser contre moi. Elle avait besoin de retrouver des repères. Elle voulait que je laisse pousser ma barbe parce qu'elle avait des souvenirs de moi d'une petite barbe de trois jours. Dès le premier soir où on s'est revu, il se trouve que l'on était dans un appartement où il y avait une guitare, je jouais de la guitare pour elle et donc c'est quelque chose qu'elle a tout de suite voulu refaire avec moi, qu'on joue de la guitare ensemble. Il y a des réflexes, des choses que l'on faisait ensemble trois ans auparavant qui sont revenues très vite à mon grand étonnement, à mon grand plaisir évidemment."

Yoann Barbereau a été solide

Yoann Barbereau avoue avoir réussi à prendre de la distance par rapport à ce qui lui était arrivé : "Lorsqu'on est accusé de pareilles infamies, évidemment cela touche la paternité. J'étais accusé déjà par rapport à ma fille donc c'était dur. Etre séparé d'elle pendant trois ans dans ce contexte là, c'est encore plus dur et c'était dur aussi quand j'étais en prison parce qu'il fallait ne présenter aucune faille émotionnelle, parce qu'en prison en Russie si on veut survivre il faut être fort, il ne s'agit pas de pleurnicher dans son coin en clair. Le plus grave et le plus génant dans l'histoire, c'est la somme des incompétences. Au moment où l'affaire arrive, où je suis arrêté de manière violente, frappé, accusé, jeté en prison dans des conditions très difficiles, la réaction est très très lente. Les autorités françaises sont tout d'abord tétanisées, puis ensuite elles mettent un an à comprendre ce qui se passe malgré mes alertes."

On met un an à comprendre que c'est une affaire montée de toute pièce et que je suis en train de devenir un otage

Yoann Barbereau

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Yoann Barbereau dénonce la lenteur de réactions de la France : "Quand le mécanisme judiciaire est allé trop loin localement, les Russes ne peuvent faire marche arrière. Il y a des moments pour taper du poing sur la table. Ces moments là n'ont pas été saisis."

L'accusation de pédophilie sur sa fille ont crée des doutes dans l'entourage de Yoann Barbereau, mais pendant un temps très court : "Ils ont réussi à faire diouter ma femme pendant 24 heures en prétendant qu'il existait un film qui me montrait ayant des relations, ou je ne sais pas quoi, avec ma fille. Au bout de 24 heures, ma femme a compris quel était le but de la manoeuvre. Ce qu'ils voulaient c'était la faire basculer, la faire témoigner contre moi."

"C'est une question d'honneur..."

"La manipulation est assez grotesque dès le départ. On comprend assez bien que le but est d'avoir des arguments techniques pour me jeter en prison. Je m'en suis bien sorti. J'ai pris de bonnes décisions aux bons moments. C'est à dire que j'ai fui Irtoutsk juste avant d'être envoyé en camp et je n'avais pas du tout envie de passer 10, 20 ans de ma vie prisonnier d'un jeu politique, donc j'ai décidé de mettre en jeu ma vie. C'était une question d'honneur aussi. Quand on est sali de cette manière là, il était hors de question de me laisser écraser."

Neuf mois après son retour en France, Yoann Barbereau n'en a pas terminé avec la justice russe. Il fait toujours l'objet d'un mandat d'arrêt émis par Moscou. L'ancien directeur de l'Alliance française a trouvé refuge dans le Finistère à 8 000 kilomètres de la Sibérie.

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