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Ils ont fait l'actu. Roch Wamytan, président du Congrès de Nouvelle-Calédonie : "On a quand même droit à un peu plus de respect"

Retour avec Sandrine Etoa-Andegue sur les événements marquants de l'année. Et ce sont ceux qui les ont vécus qui les racontent. Roch Wamytan, kanak indépendantiste, revient sur le référendum sur l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie.

Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Roch Wamytan, président du Congrès de Nouvelle-Calédonie, à Nouméa, le 22 septembre 2020. (THEO ROUBY / AFP)

12 décembre 2021, les électeurs de Nouvelle-Calédonie sont appelés à voter pour le troisième référendum sur l'indépendance de l'île dans le cadre des accords de Nouméa. Les indépendantistes appellent au boycott du scrutin mais comme en 2018 et 2020, là encore, c'est le non qui l'emporte avec 96,5% des voix. Un résultat nul et non avenu pour Roch Wamytan. Figure de la lutte kanake et président du Congrès de la Nouvelle-Calédonie. "Le problème, c’est que ce référendum que nous ne reconnaissons pas renvoie les deux parties dos à dos. En fait, nous revendiquons le faible taux de participation. Ceux qui sont opposés à l'indépendance vont revendiquer le résultat." clame Roch Wamytan.

Le jour du vote, Roch Wamytan n'était pas en Nouvelle-Calédonie, mais à des milliers de kilomètres de là, à New York. Il est allé dénoncer le maintien du référendum auprès de l'ONU. Les indépendantistes demande un report pour respecter le deuil kanak des morts du Covid. Un faux argument pour les loyalistes. Eux se préparent à participer au comité des signataires de l'accord de Nouméa à Paris, en septembre, sur invitation du gouvernement. Pas les indépendantistes.

Sur le Caillou, c’est toujours la même impasse politique. "La Nouvelle-Calédonie est divisée en deux blocs. Il est absolument hors de question qu’on nous impose un référendum qui ne suivrait que les diktats de nos adversaires politiques qui veulent eux en terminer avec le processus d'émancipation politique." énonce Roch Wamytan. "Un des points de l’accord de Nouméa, le point numéro 5 dit très clairement que si à l’issue du troisième référendum c’est encore le non qui l’emporte, les signataires devront examiner la situation ainsi créée. Et dans tous les cas de figure, l'État français reconnaît la vocation de la Nouvelle-Calédonie à être pleinement émancipé", ajoute-t-il.

"L’indépendance de la Nouvelle-Calédonie est inéluctable, elle arrivera d’un jour ou l’autre.

Roch Wamytan

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"On doit l'organiser parce que c'est tout à fait impossible ou inacceptable pour nous de considérer qu'on puisse être d'accord avec un statut qui nous enfermerait définitivement dans la position francaise. Même la Constitution française dans son préambule prévoit la possibilité pour les territoires d'outre-mer d'accéder à l'indépendance", rappelle Roch Wamytan.

Les indépendantistes kanaks ont l’intention de poursuivre leur travail au niveau de l’ONU, de façon à ce que la question de la Nouvelle-Calédonie soit abordée chaque année, "jusqu’au moment où un référendum futur sera organisé pour que la population calédonienne, kanake, s’exprime et puisse devenir libre. Pour nous, c'est le sens de l'histoire", dit Rock Wamytan. "On ne peut pas accepter que la France continue après une période où elle a tenté de nous décoloniser tente de nous recoloniser. Nous allons nous organiser et utiliser tous les moyens à notre disposition pour nous opposer à cela", confesse Roch Wamytan.

"On ne sait pas exactement ce qu'ils veulent"

Après avoir annoncé qu’il se déplacerait en Nouvelle-Calédonie, Gérald Darmanin a invité les membres du comité des signataires à venir à Paris en septembre. Les loyalistes ont d’ores et déjà fait savoir qu’ils viendraient. Pas à l’ordre du jour des indépendantistes pour l’instant"Généralement, ce qui se passe dans les trois comités des signataires. Il y a toujours un appel, un contact établi par le ministre d’Outre-mer ou un autre ministre concerné qui nous propose une date soit à Paris et à Nouméa suite à nos discussions et puis on nous envoie une invitation. Là c’est par tweet. Ici, on ne connaît pas trop le tweet. Jusqu'à présent, je ne sais pas si je suis invité à participer à ce comité de des signataires alors que je suis président du Congrès et surtout signataire de l'accord. Donc on va voir que ce qui se passe pour le moment, on a des coups fil de différents ministres. On essaie de savoir exactement ce qu'ils veulent puisque pour le moment, on ne sait pas exactement ce qu'ils veulent. On a quand même droit à un peu plus de respect", conclut Roch Wamytan.

Les indépendantistes disent avoir déposé un recours auprès de la Cour pénale internationale de La Haye sur la légitimité du référendum au regard du droit international des peuples à disposer d'eux mêmes. Lors d'un sommet à la mi-juillet, le Forum des îles du Pacifique, qui comprend notamment l'Australie et la Nouvelle-Zélande, a remis en cause la légitimité du troisième référendum. Un report du scrutin aurait pu empêcher la polarisation politique, selon l'organisation régionale.

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