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"Ils ont vécu Charlie" (2/6) : Fabrice Nicolino et le souvenir obsédant des morts

C'est un témoignage rare : celui de Fabrice Nicolino, un des "survivants" de la rédaction de "Charlie Hebdo". franceinfo l'a rencontré, dix ans après l'attentat, pour le deuxième épisode du podcast "Ils ont vécu Charlie".
Article rédigé par Benjamin Illy
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le journaliste Fabrice Nicolino, en septembre 2019 à Paris. (DANIEL FOURAY / MAXPPP)

Fabrice Nicolino fait partie des onze blessés lors de l'attentat de Charlie Hebdo. Dix ans après, il est toujours l'une des signatures de l'hebdomadaire satirique. Le 7 janvier 2015, il assistait à la conférence de rédaction aux côtés des Charb, Bernard Maris, Honoré, "des gens qui comptaient" dans sa vie, lorsque que Chérif et Saïd Kouachi font irruption et ouvrent le feu au fusil d'assaut. 

Dix ans après, c'est un homme "qui se remet comme on peut se remettre quand on a pris trois balles dans la peau" que franceinfo a rencontré, dans un café parisien. Il raconte le traumatisme, ces trois minutes de fusillade que sa mémoire a effacées, "le cerveau qui disjoncte, sans doute par mesure de défense psychologique". La souffrance physique, "le souvenir obsédant des morts", la vie "anormale" qu'il doit mener depuis.  

Aujourd'hui, Charlie Hebdo continue, mais à quel prix ? La rédaction s'est installée dans des locaux ultra sécurisés. Sas, fenêtres blindées, "safety room" conçue pour résister aux balles... Et adresse tenue secrète. "Depuis dix ans, on fabrique un journal dans des conditions effarantes. En fait, on est assiégé en plein Paris." Dans une indifférence générale, s'indigne Fabrice Nicolino : "Comment ça se fait que ça n'intéresse pas davantage ? Comment ça se fait qu'il n'y a pas une mobilisation exemplaire pour dire : mais c'est insensé !"  

"Me barrer, ça serait une forme de désertion", confie Fabrice Nicolino, pour qui le combat pour la liberté n'est pas un choix : "Ce journal incarne un combat universel, pour tous, pas seulement pour les petites gueules de Charlie". "On a résisté, on a tenu bon, on va en disant, on a maintenu le journal envers et contre tout. Et que ça plaise ou non, c'est comme ça. Charlie est vivant."

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