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"Ils ont vécu Charlie" (4/6) : Les anonymes du 11 janvier

Le 11 janvier 2015, près de 5 millions d'anonymes se mobilisent partout en France pour dire non au terrorisme. Pour le quatrième épisode du podcast "Ils ont vécu Charlie", franceinfo est retourné à Tours, pour retrouver celles et ceux qui étaient Charlie il y a dix ans et qui le sont toujours.
Article rédigé par Benjamin Illy
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un homme tient une pancarte sur laquelle on peut lire "Je suis Charlie" à Marseille, le 7 janvier 2015, à la suite d'un attentat perpétré par des terroristes dans les locaux de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo. (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

Quelques heures après l’attentat qui endeuille la rédaction de Charlie Hebdo, un hashtag né sur les réseaux sociaux devient un cri de ralliement mondial : "Je suis Charlie". Quelques jours après l'attentat, le 11 janvier, une mobilisation gigantesque a lieu en France pour défendre la liberté d’expression, la liberté de dessiner, la liberté de déranger. Des manifestations inouïes, à Paris, Lyon, Bordeaux, Grenoble. Mais aussi à Tours, où près de 44 000 personnes se sont réunies.

"Je suis descendu dans la rue en rage"

Alex Guerrier, 33 ans aujourd'hui, en était l'organisateur. Il travaille à la mairie de Ballan-Miré, en charge de l'informatique. Il nous reçoit à la médiathèque. "C'était le plus gros mouvement depuis plus de 60 ans à Tours, se souvient-il. Et ça fait plaisir de se dire que oui, à ce moment-là, beaucoup, beaucoup de gens se sont mobilisés contre la haine, contre l'horreur qu'on a pu vivre ce jour-là". Alex se remémore son état d'esprit, ce jour-là : "Je suis descendu dans la rue en rage. J'étais horrifié par la situation."

Alex a grandi avec l'humour de Charlie Hebdo et de Hara-Kiri. "Je faisais partie de ces gens qui ne comprenaient pas comment on pouvait réagir mal à l'humour, en fait. Parce que ça a toujours été très clair dans ma tête et dans mon éducation, Tout ça, c'est de l'humour, c'est du second degré, c'est quelque chose qu'on ne prend pas au sérieux."

"Je pense que beaucoup sont venus en se disant que peut-être, eux aussi, ils allaient retrouver des gens qui avaient ressenti vraiment quelque chose ce jour-là. Et pour se dire : je ne suis pas tout seul à trouver ça ignoble, infâme et innommable."

Alex Guerrier, organisateur de la manifestation pour Charlie Hebdo en janvier 2015 à Tours

à franceinfo

Dix ans après, le groupe Facebook qui avait lancé l'appel à manifester "est mort", reconnaît Alex. Mais pour lui, "Je suis Charlie", en 2025, c'est "se remémorer qu'on était Charlie à l'époque". Lui l'est "toujours, et pour toujours".

Florent Collange, musicien tourangeau, faisait lui aussi partie des anonymes qui se sont mobilisés. Son réflexe a été de prendre sa guitare et de composer. "C'est une envie. Je prends une guitare et là, j'avais 'relève-toi Charlie' qui me tournait dans la tête".

"Je suis Charlie, je suis la France entière", disait sa chanson. "C'est ce que j'aurais aimé, mais ce n'était pas le cas, confie-t-il aujourd'hui. La France est trop divisée aujourd'hui." Pour autant, "Je suis Charlie" veut encore dire quelque chose : "Je suis libre. Si tu n'écris plus, si tu ne chantes plus, qui va le faire ?"

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