Angot au nom de la mère
Christine Angot apaisée ? Moins clivante ? C’est possible. Elle raconte simplement une histoire très personnelle, il est encore question de l'inceste paternel qu'elle a subi, mais l'essentiel est ailleurs: l'amour impossible, c'est celui pour la mère, toutes les mères. Et ce personnage, Rachel, Christine Angot la raconte à tous les âges de sa vie. Ça commence à Châteauroux, dans les années 50 quand Rachel rencontre Pierre, de cette passion naîtra Christine, mais le père s'en va. Tel un bourgeois du XIXème siècle, il n'imagine pas faire sa vie avec une employée de la sécurité sociale. L'amour maternel devient un refuge, un amour parfait, jusqu'à un certain point. Ça se complique quand Christine grandit, revoit son père qu'elle idéalise, le viol qui viendra plus tard est peu évoqué, ce qui est ausculté c'est comment la culpabilité de Rachel qui n'a rien vu, ronge la relation mère-fille.
Pas de nombrilisme ?
Non, une écriture directe, des détails secs, comme "j'avais cessé de l'appeler maman", le lecteur trouve sa place dans ce récit. Un texte qui analyse froidement le déterminisme social de cette histoire tragique. Pour le père cette femme et cette fille ne sont pas de son monde, cet apartheid sentimental est une entreprise de destruction.
Cet "Amour impossible" n'est ni un chef d'œuvre, ni une fadaise comme l'ont écrit certains critiques, c'est le roman d'une auteure apaisée, plus à distance de son personnage public.
"Un amour impossible" de Christine Angot chez Flammarion.
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