Brigitte Fontaine au-delà des clichés
Evoquer Brigitte Fontaine, c'est souvent risquer le
contresens : c'est vrai, son jeu favori est de mimer le syndrome de Tourette
quand on l'invite à la télé (celui qui consiste à égrener des horreurs sans
pouvoir se freiner). Mais s'arrêter à ce portrait de vieille dame indigne ou
zinzin serait une erreur que n'ont pas fait, justement, Benoit Mouchart et
Thomas Bartel, les deux auteurs de ce portrait documentaire de Brigitte Fontaine
qui s'appelle "Reflets et crudités".
Une liberté sans limite, comme celle de l'enfance
Avec son look de mamie cyber fofolle, on serait tenter de s'arrêter
là mais, révélation, Brigitte Fontaine n'est pas une septuagénaire punk, c'est
une enfant. Une enfant dans un corps de vieille dame, aussi spontanée et décidée
qu'une gamine de 5 ans. Sa manière impérieuse de réclamer un coca glaçon dans
un bar, de se pâmer pour une paire de chaussures, de s'habiller comme une ado
gothique folle de fringues... tout traduit chez elle une liberté sans limite,
comme celle de l'enfance. Elle le dit d'ailleurs dans ce documentaire : "être
adulte, c'est n'être pas vivant" . Elle, elle se sert des mots pour
jouer les sales gosses, et souvent, il faut le dire, c'est assez drôle comme par
exemple, quand, face caméra, assise sur son lit et accoutrée d'un look quasi
cosmique avec lunettes-masque, elle lit -en jubilant- ce texte qu'elle vient de
finir: le plus important, c'est à la fin.
L'autre face cachée de Brigitte Fontaine, c'est son coté
fleur bleue. Trop souvent on oublie que chez elle que le laid côtoie le très
beau : il suffit de la voir échanger des regards tendres avec Georges Moustaki
sur un banc de l'Ile Saint Louis, son repaire, danser la valse avec Jacques
Higelin en pleine rue, ou voler un baiser à Areski, son compagnon à la ville,
qui compose toutes ses musiques. Et on mesure le grand écart avec le syndrome
de Tourette de Brigitte sur les plateaux télé.
Un animal libre
C'est pour cela que le documentaire qui sort dans quelques
jours est assez complémentaire de ce nouveau disque disponible aujourd'hui même.
Ceux qui ne sont pas fan auront ENFIN la double lecture, les sous-titres qui
permettent de comprendre qui elle est : l'une des rares artistes, au fond, dont
la sincérité ne se discute pas. Brigitte Fontaine est un animal libre, surtout
grâce à son stylo.
Mot de la fin pour Gustave Kervern, ex-Groland, réalisateur
qui l'a fait tourner dans le "Grand soir" avec Benoit Poelvoorde, qui
l'écrit dans le livret de son nouveau disque : "Brigitte est une déesse
indienne, un bras pour te caresser la joue, un autre pour te mettre une jolie
claque dans la gueule" .
L'album : "J'ai l'honneur d'être" sort ce lundi et
le documentaire "Reflets et crudités" sera en salle le 2 octobre.
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