"Everest" : la montagne comme une "femme fatale"
Même si le scénario reste très classique, même si les personnages manquent d'épaisseur, "Everest" est un film efficace, qui prend le temps de raconter la montagne : sa beauté, sa puissance et ses dangers, et de nous embarquer en 3D dans des ascensions vertigineuses.
Le réalisateur Baltasar Kormakur s'inspire en fait d'une histoire vraie, l'histoire tragique d'une cordée décimée par une tempête en 1996, histoire qu'il raconte très précisément, de la rivalité des tours opérateurs dans des camps de base surpeuplés aux hallucinations à cause du manque d'oxygène, en passant par nombre de plans tournés en décors naturels, au pied même de l'Everest, ou dans les Alpes italiennes. Et, malgré une 3D souvent imparfaite d'ailleurs, le film a quelque chose des films d'aventure à l'ancienne, avec à la fois ce sens du réalisme, et le gout du spectacle, avec une affiche notamment qui compte quelques stars comme Jake Gyllenhaal ou Josh Brolin, plongés donc au coeur de cette nature déchainée.
Montrer l'homme face à la montagne dans un film est une image forte, parce que la montagne a une grande force de séduction
Ce n'est pas la première fois que le cinéaste se passionne pour les rapports entre l'homme et la nature. Dans l’un de ses précèdents films, "Survivre", il mettait en scène un marin naufragé dans les eaux glaciales de l'Islande. Baltazar Kormakur en effet est islandais, et lui-même explique qu'il vient d'un pays où la nature souvent reprend ses droits, et qu'il n'est pas inutile d'en rappeler la puissance :
"Nous sommes tout petits face à elle. Souvenez-vous du volcan en Islande... Les gens étaient très en colère, ils se sont mis à détester l'Islande parce qu'un seul volcan avait arrêté le monde entier, et cela, c'est parce que les gens ont oublié que nous sommes à la merci de la nature et que nous le serons toujours explique Baltasar Kormakur. Pour leur rappeler, montrer l'homme face à la montagne dans un film est une image forte, parce que la montagne a une grande force de séduction. L'Everest est un peu comme une femme fatale,qui ne montre pas grand-chose d'elle, qui est discrète. Quand vous volez vers l'Himalaya, et qu'on vous montre l'Everest, vous vous dites "Ah ce n'est que cela!", mais quand vous vous en approchez et que vous arrivez dessus, alors vous êtes totalement à sa merci. Cette montagne peut vous tuer ou vous donner de grandes sensations, c'est elle qui décide ."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.