"Le Président" : l'enfant et le tyran
Depuis plus de 10 ans maintenant, depuis qu'il a quitté l'Iran pour échapper à la censure et aux menaces de mort, Mohsen Makhmalbaf réalise ses films en exil. Il a tourné ces dernières années en Afghanistan, au Pakistan, en Israël. Cette fois, c'est en Géorgie qu'il est allé chercher les paysages de cette fable qui met en scène un dictateur et son petit-fils, dans un pays qui n'est jamais nommé. Car si le film s'inspire des révolutions arabes, le cinéaste a voulu en faire un objet intemporel, l'histoire au fond de toutes les dictatures, de toutes les révolutions qui les renversent, de tous les lendemains qui déchantent, de tous les endroits du monde où la violence entraine la violence.
Et il le fait là au travers du regard d'un enfant, regard éberlué d'un gamin élevé pour prendre le pouvoir et qui se retrouve en fuite avec son tyran de grand-père, déguisé en musicien des rues pour échapper au désir de vengeance d'un peuple qui souffre et se soulève. Le propos est parfois un peu appuyé. Mais la force de la fable l'emporte, lorsqu'elle flirte avec le burlesque et la poésie.
Le regard de l'enfant aussi reste en mémoire, posant l'éternelle question de ces infernales spirales de violence.
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