Lily Allen : "Sheezus"
Le premier extrait de ce nouveau
disque s'annonçait prometteur : dans la vidéo de Hard out there (voir ci-dessous), celle qui adore jouer les sales
gamines balance sans vergogne sur la dictature esthétique qui ravage les stars
de la pop. On y voit Lily s'y fait faussement liposuccer, avant de danser version "hot" au milieu de
danseuses charnues qui se mettent des fessées sur le capot d'une grosse voiture
un peu comme dans les clips de rap. Moralité : on peut avoir des enfants,
des kilos en trop, et ne rien perdre ni de son humour, ni de son culot.
Parce qu'à 28 ans, et malgré ce
troisième opus inégal, Lily Allen reste l'une des auteurs pop les plus piquantes du
moment, quand le sujet l'inspire : le système pop, la vanité des réseaux
sociaux, la dictature des bloggeurs. Trois années de pouponnage et une certaine
sérénité dans sa vie privée n'ont pas eu raison de son franc-parler ("Rien à f... de ton instagram, ta jolie
maison ou tes gosses moches " dans Insincerely
Yours ) mais, une fois la frustration qui animait ses premiers disques
disparue, la chanteuse peine à tenir sa ligne caustique, quitte à diluer le
disque dans une pop politiquement correcte (Air
Balloon ).
Dans "Sheezus ", Lily Allen rappelle sa marque de fabrique: user du
phrasé hip-hop pour déjouer les codes masculins du milieu. Le ton y est, qui
fonctionne pourtant moins bien quand la jeune femme puise dans sa vie :
jolie maison, beaux enfants, mari aimant et donc rien d'acide à se mettre sous
la dent pour écrire des textes dont elle a le secret.
Lily Allen a mis de l'eau
dans son vin, un peu trop dans sa pop, mais ne s'assagit pas pour autant :
on l'a vu récemment sur scène à Londres en perruque blonde et body résille, dans une imitation décalée de Beyoncé et de son numéro
sexy de "Drunk in Love " (en
ouverture des derniers Grammy Awards). Preuve que lorsqu'il y a de l'humour, il
y a de l'espoir.
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