Teresa Cremisi : le triomphe modeste
C'est un bel exercice où avec pudeur Teresa Cremisi se cache derrière son héroïne, plus âgée qu'elle, mais qui suit effectivement ce chemin de l'exil. Celle que Philippe Sollers surnomme le Premier ministre, qui a relancé Flammarion, accompagné Michel Houellebecq au prix Goncourt, mêle fiction et autobiographie dans un roman dans lequel on se perd avec plaisir.
Le souvenir d'Alexandrie
Le premier personnage de ce livre c'est la ville d'Alexandrie, en Egypte, avant la crise du canal de Suez en 1956 et le départ forcé des juifs et des Occidentaux. Teresa Cremisi, née dans un milieu aisé de parents aux origines qui vont de l'Espagne à l'Inde en passant par l'Angleterre et l'ancien empire ottoman a gardé le souvenir, sans nostalgie, de cette ville multiculturelle, tolérante et nonchalante.
La victoire d'une résiliente
Ce qui frappe, c’est la modestie d'une femme qui se rêvait telle Lawrence d'Arabie, une triomphante qui toute sa vie a résilié la douleur de l'exil, là où ses parents en ont souffert. Elle a réussi à s'adapter, aux changements de langue, de milieux, de villes. Teresa Cremisi raconte sa réussite en gardant de l'Orient une distance avec les choses matérielles. Elle se souvient des gens, car elle écoute, observe, sans se mettre en avant, des odeurs de la Méditerranée. Elle se moque gentiment, au détour d'une page, de ceux qui la considéraient forcément comme juive, puisqu'ayant quitté Alexandrie avant 1956. En fait, la seule souffrance avouée c'est quand, récemment, elle a voulu, symboliquement demander la nationalité française et qu'on la lui a refusée.
"La triomphante " de Teresa Cremisi est disponible aux éditions des Equateurs.
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