Tony Allen, la légende du rythme
Fela l’a chanté, mais ce fut lui, Tony Allen, le métronome de ce courant de funk africain apparu au Nigéria à la fin des années 60. Tellement irremplaçable dans cette architecture sonore complexe, que lorsque le batteur tombait malade, Fela refusait de le faire remplacer et annulait carrément le concert : ses parties étaient trop durs à jouer pour un seul musicien. Aujourd'hui encore Tony Allen aime jouer les explorateurs sonores : Film of Life brasse avec une pointe de pop et d'électronique les styles parcourus au long de cette carrière, si riche que certains l'appellent le "Sorcier de Lagos".
A ses débuts, Tony Allen a tout appris tout seul, sans même passer par l'apprentissage de percus traditionnelles. Il passait ses nuits à faire la tournée des clubs de Lagos où jouaient les groupes :
“Je me concentrais toujours sur le batteur. Je ne voulais pas jouer de la guitare, ou des cuivres, tout le monde le faisait déjà, mais la batterie m’attirait. Les gens la choisissent rarement, parce qu’elle est placée à l’arrière. Moi je me fichais d’y être, je voulais juste jouer...et être l’un des meilleurs ” (Tony Allen)
Quand Fela et Tony Allen commence à jouer ensemble dans les années 60, c'est le “High Life” qui cartonne en Afrique, un mélange de jazz, de calypso : un afrobeat mal dégrossi. Ils ont l'énergie et l'ambition, mais c'est un voyage aux Etats Unis, en 1968, qui change tout. Fela découvre les Black Panthers et Malcom X, il muscle son discours et Tony Allen repousse les limites de son jeu. Le batteur se rappelle surtout de ce conseil précieux qu'on leur a donné là bas : “Quelqu’un a dit à Fela :
-Tu veux gagner de l’argent? fais un KIS ’.
Fela a répondu :
-Quoi, faut que j’embrasse quelqu’un ?!
-Non un K-I-S : Keep It Simple (fais simple)
Ça a changé à jamais notre approche de la musique… ”
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