"Affaires sensibles" sur France 2 : "On ne cherche pas forcément la révélation", assure Fabrice Drouelle
Le troisième numéro du magazine "Affaires sensibles" adapté sur France 2 sera consacré lundi au scandale des écoutes de l’Élysée, dans les années 80 et 90.
C’est l’adaptation télévisée d’un des programmes les plus écoutés de France Inter depuis sept ans : Affaires sensibles se décline désormais sur France 2, une fois par mois. Le concept est le même : un récit, suivi d’un invité en plateau. Lundi 13 décembre, le troisième numéro du magazine sera consacré au scandale des écoutes de l'Élysée.
À la présentation, le même Fabrice Drouelle, heureux de revenir sur les affaires d’État et les grands scandales politico-financiers de la Ve République. "La ligne éditoriale de Affaires sensibles est d’avoir un nouveau regard sur des histoires anciennes. On ne cherche pas forcément la révélation, même si en télévision on cherche quand même des images nouvelles. L’idée est de revenir sur les évènements d’un passé assez récent pour en traquer les résonnances et mieux comprendre ce qui se passe aujourd’hui."
Des pratiques "d'une république bananière"
Après les coulisses du financement des campagnes présidentielles de Jacques Chirac et Edouard Balladur en 1995, puis le Tchernobyl français, le troisième volet s’intéresse donc aux écoutes de l’Élysée dans les années 1980, sous François Mitterrand. "On comprend bien cette histoire quand on comprend le climat qui régnait à l’époque. La France était sous le choc après l’attentat de la rue des Rosiers au début de l’été 1982. Mitterrand crée une cellule antiterroriste à l’Élysée. Là où on entre dans le scandale, c’est quand Mitterrand confond – sciemment bien sûr – la protection des Français par l’État et sa protection personnelle par ce même Etat. Là, ça pose un problème."
Parmi les centaines de personnalités illégalement écoutées figurait l’écrivain Jean-Edern Halier. "Il avait soutenu Mitterrand et espérait un poste ministériel. Il n’est même pas invité à la garden-party de l’Élysée ! C’est une blessure d’ego, d’orgueil. Il écrit alors un livre par vengeance, mais les secrets qu’il y révèle seront confirmés plus tard : Mazarine, le cancer de Mitterrand et son comportement sous le régime de Vichy. Le livre n’est jamais sorti mais il a circulé sous le manteau et certains journalistes savaient."
Les écoutes cesseront en 1986, lorsque Jacques Chirac devient Premier ministre, mais il faudra attendre 1993 pour que le scandale éclate grâce à une enquête de Libération. "En France, aucun journaliste n’ose poser de questions là-dessus au président. C’est frappant, cela nous renvoie à des pratiques qui sont celles d’une république bananière." Seul un journaliste belge de la RTBF brisera le tabou, ce qui lui vaudra une colère froide de François Mitterrand en pleine interview.
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