Anne Sinclair à la tête de la version française du Huffington Post
Peu connu en France, le Huffington Post est une véritable institution outre-Atlantique. En quelques années à peine, le site a réussi à dépasser en audience celui du New York Times, avec la bagatelle de 36 millions de visiteurs uniques par mois, grâce à un mélange d'information, de divertissement, de chroniques et tribunes d'intellectuels. Est-ce que ça va marcher aussi bien en France ? Rien n'est certain. Après tout, la version britannique, qui a été lancée l'été dernier, a elle beaucoup moins de succès.
"Je suis une femme libre"
En tout cas, la communication autour du lancement de ce nouveau site est très soignée. Il faut dire qu'elle est orchestrée par un poids lourd du secteur, l'agence Euro RSCG, celle-là même qui seconde Dominique Strauss-Kahn depuis des années. Après avoir maintenu jusqu'au bout le mystère sur la venue ou pas d'Anne Sinclair, l'agence a négocié pour la journaliste un entretien exclusif avec le magazine Elle. Une "interview-vérité", nous promet l'hebdomadaire, pour mettre fin au silence médiatique qu'elle s'était imposée depuis l'affaire DSK. Le magazine a publié dès aujourd'hui quelques extraits sur son site Internet : Anne Sinclair y assure notamment - et c'est une phrase qui a particulièrement retenu l'attention des internautes - qu'elle n'est "ni une sainte, ni une victime" . "Je suis une femme libre" dit-elle.
Après cette première sortie médiatique, ce sera lundi l'heure du bain de foule avec une grande conférence de presse en présence d'Arianna Huffington, la créatrice du site américain. La conférence est organisée dans les locaux du journal Le Monde, qui possède 34% du capital du Huffington Post.
Inquiétudes au sein de la rédaction du Monde
Cela inquiète d'ailleurs certains journalistes du Monde, qui ne veulent pas que ce nouveau site vienne brouiller l'image du journal. La Société des rédacteurs du Monde a d'ailleurs rencontré hier la direction pour demander des garanties par écrit sur la séparation entre le quotidien et le nouveau site. Ce que craignent certains journalistes, c'est que le Huffington Post s'appuie sur le prestige du Monde, qui est beaucoup plus connu en France, pour réussir son lancement. "C'est un partenariat économique, pas éditorial" précise Adrien de Tricornot, président de la Société des rédacteurs du Monde. "Sur la page d'accueil du Huffington Post, ils avaient prévu de mettre 'en partenariat avec lemonde.fr'. On a demandé une modification."
Précision d'autant plus importante que les deux entités sont très différentes : autant le journal revendique une certaine austérité, un véritable sérieux en tout cas, autant le Huffington Post lui joue sur le mélange des styles, les articles les plus légers à côté de l'actualité la plus dramatique.
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