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Pierre Arditi de retour sur scène mercredi : "Je dois accepter l’idée que je ne suis plus un perdreau de l’année !"

Contraint à trois semaines de repos forcé suite à son malaise en pleine représentation, le comédien sera lundi sur France 2 dans le costume de Georges Clemenceau.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Temps de lecture : 6min
L'acteur Pierre Arditi lors du 15e festival du film francophone d'Angoulême, le 26 août 2022. (YOHAN BONNET / AFP)

C’est un Pierre Arditi toujours convalescent mais en forme qui a accueilli frabnceinfo dans son appartement parisien. Victime fin septembre d’un malaise vagal sur la scène du théâtre Edouard VII, où il jouait la pièce Lapin avec Muriel Robin, l’acteur était remonté sur scène une semaine plus tard. "Trop tôt", reconnaît-il aujourd’hui. Epuisé, il avait dû suspendre les représentations pour prendre trois semaines de repos. En attendant la reprise de la pièce mercredi 8 novembre, Pierre Arditi sera sur France 2 lundi 6 novembre dans Clemenceau, la force d’aimer, un téléfilm sensible sur la passion amoureuse vécue par l’homme d’État au crépuscule de sa vie, adapté du roman de Nathalie Saint-Cricq, Je vous aiderai à vivre, vous m'aiderez à mourir, paru en mars 2021 aux éditions de l’Observatoire. 

franceinfo : Comment allez-vous ? 

Pierre Arditi : Comme vous pouvez le constater, je ne vais pas si mal. Que voulez-vous que je vous dise ? Il va bien falloir que j'accepte cette idée que je ne suis plus un perdreau de l'année et que contrairement à ce que je croyais, moi aussi, je suis fatigable. 

"Je me suis reposé pendant trois semaines, ce qui ne m'était pas arrivé depuis 25 ans."

Pierre Arditi, comédien

à franceinfo

Comment vivez-vous ce repos forcé ? 

Je le vis comme une chose que je n'avais pas vécue de toute ma carrière puisque je n'ai jamais, en 60 ans de métier, interrompu la moindre représentation. Donc là, ça a été à la fois une humiliation, mais qu'est-ce que c'est que ce type, ce vieil acteur ? Et puis en même temps, je me suis dit que c'était une opportunité formidable, je vais me reposer, je vais rester tranquille parce que contrairement à ce qu'on croit, je travaille énormément. La vérité, c'est que je suis une énorme feignasse et comme je suis une énorme feignasse, bien sûr, je travaille énormément pour me masquer la vérité. 

Allez-vous vous regarder lundi soir dans la peau de Clémenceau sur France 2 ? 

Alors pas du tout. 

Vous ne vous regardez jamais ? 

C'est extrêmement rare. Ceci étant dit, je me suis vu dans Clémenceau et ça me gêne moins parce que je suis transformé. Ce qui me gêne, c'est de me voir moi. Mais là, honnêtement, je vois Clémenceau.

 Le téléfilm s'intitule Clémenceau, la force d'aimer. Ce n'est pas vraiment l'homme d'État qu'on va découvrir, mais l'homme intime. On est en 1923, Georges Clémenceau a 82 ans, il n'est plus au pouvoir et il va vivre une passion avec une femme beaucoup plus jeune que lui. Elle a 41 ans. C'est la réalité, cette histoire a existé. Parlez-nous de cet amour platonique et surtout épistolaire.

 Très épistolaire. Apparemment platonique… Ce n'est pas sûr, on ne sait pas. C'est une relation amoureuse foudroyante et elle est très belle. Cette relation est épistolaire, parce que d'abord il écrivait beaucoup, très bien, dans une langue absolument magnifique. 

Je crois savoir que vous vouliez absolument ce rôle. Pourquoi deviez-vous être Clémenceau ? 

Mais parce que je suis Clémenceau ! Parce que je suis un sale gosse, un emmerdeur et que le personnage, à cette époque de sa vie, me bouleverse aussi car il est le grand ami de Monet pour qui mon père peintre vouait une grande admiration. Ça m'a plu d'être aussi confronté à cet univers de peinture. C'est quand même Clémenceau qui, à la force de son amitié et de son énergie, a permis à Monet de continuer de peindre car comme vous ne le savez sans doute ou pas, Monet, a perdu la notion de la couleur à un moment donné. Vous imaginez ce que c'est pour un peintre. 

Vous avez d'ailleurs tourné à Giverny dans la maison de Monet ! 

On a tourné dans tous les lieux historiques de cette histoire. Dans la maison de Clémenceau à Paris, qui est maintenant un musée et dans lequel j'ai pu m'installer à son bureau, j'y ai même travaillé. J'ai même pu me coucher dans son lit où personne, absolument personne, n'a posé ses fesses depuis qu'il est mort. Quand j'ai fait semblant de m'endormir, je me suis enfoncé dans ce lit qui était le sien, je n'étais pas seul et je ne crois pas à ça. 

Vous étiez avec Clémenceau ? 

J'étais avec quelque chose qui soit était lui, soit était son fantôme, soit était son esprit, mais je n'étais pas seul et je suis totalement hermétique et réfractaire à ce genre de truc. Et pourtant... 

Alors il y a la télévision, le cinéma et le théâtre...
D'abord le théâtre, la télévision et le cinéma ou le cinéma et la télévision. 

Vous reprenez dans quelques jours la pièce Lapin aux côtés de Muriel Robin. Etes-vous prêt ? 
On n'est jamais prêt. Je suis prêt à recommencer. Le meilleur médicament pour un acteur, c'est le public. Quand on se prive du public, on retombe malade. Donc il n'est pas question que j'arrête. Je n'arrêterai jamais, mais je vais peut-être être un tout petit peu plus raisonnable sur la fréquence de mes apparitions. 

Vous savez que vous aurez droit à une standing ovation quand vous allez reprendre la pièce. Ça vous fait plaisir, ça, ça vous touche particulièrement ? 

Ça fait plaisir de faire partie de la famille, c'est-à-dire que ce public qui, comme le dit mon auteur : 'M'attend, me donne, me protège, m'aime et est venu pour moi'. Eh bien moi, je l'aime et je suis venu pour lui aussi.

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