Simon Riondet, chef de la BRI : "Vivre une vie comme la nôtre, c’est un rêve de policier"
"Nous avons montré quelque chose de différent, quelque chose qui permette de raconter la réalité du travail des opérateurs de la BRI, souligne Simon Riondet commissaire divisionnaire et chef de la célèbre Brigade de recherche et d'intervention de Paris (BRI). Cette unité de police qui a notamment pénétré dans le Bataclan le 13 novembre 2015 ou est intervenue lors de la prise d'otages de l'Hyper Cacher est au cœur d'une série documentaire diffusée sur Canal+. Suivis par deux journalistes pendant quasiment un an ces policiers racontent le déroulement de plusieurs opérations parmi les plus délicates.
franceinfo : Simon Riondet, avant de parler précisément de cette série. Dites-nous en quelques mots pour qu'on comprenne bien votre travail, Dans quelle situation intervenez-vous ?
Simon Riondet : Nous avons deux missions différentes. La première mission, c'est celle que tout le monde connaît. L'intervention en noir, c'est celle qu'on a vue au Bataclan, lors de prises d'otages. Et puis la deuxième mission, qui est moins connue mais qui nous prend beaucoup de temps, c'est celle d'enquête. C'est une mission qui consiste à trouver des cibles, des criminels qui vont passer à l'acte et les interpeller juste avant.
Vous intervenez sur le grand banditisme, terrorisme?
Exactement.
C'est la première fois qu'une caméra suit vos hommes aussi longtemps, quasiment un an et d'aussi près. Ils se confient sur leur métier, sur les affaires qu'ils traitent, sur leur manière de travailler. Pourquoi avez-vous accepté d'ouvrir vos portes aux réalisateurs Mathilde Gautry et Sébastien Girodon ?
En fait, c'est une discussion avec le producteur justement de cette série. Nous avons montré quelque chose de différent, quelque chose qui permette de raconter la réalité du travail des opérateurs de la BRI, et pas seulement de faire des récits trop courts, trop rapides. Des choses un peu spectaculaires, mais qui ne permettent pas de comprendre ce que vivent les hommes et femmes qui travaillent à la BRI.
Vous avez envie qu'on le sache ?
Oui, on a envie de montrer quel est ce travail. On a envie déjà de susciter des vocations au sein des policiers afin qu'ils candidatent aux épreuves de sélection, qui sont certes très dures, mais qui permettent d'intégrer ce service qui est exceptionnel. Ensuite, il me semble important pour les Français de comprendre qu'on a des policiers aussi motivés qui donnent de leur temps, de leur temps de vie personnelle pour s'impliquer dans la lutte contre le crime organisé et la lutte contre le terrorisme.
On est immergé dans cette série, dans des filatures, des opérations de surveillance, des interventions.
Est-ce que tout est réel ? Ou alors il y a parfois des reconstitutions ?
Non, La quasi-totalité des images sont réelles. On a quelques images de reconstitution. C'était le contrat, que les deux journalistes, qui ont passé autant de temps dans la BRI, soient capables de suivre les hommes et femmes de la BRI. Être réveillés en pleine nuit pour aller sur une surveillance. Ils ont passé des heures assez incroyables. D'ailleurs, j'espère qu'ils étaient payés à l'heure parce que sinon, ils n'ont pas été très bien payés. Mais c'était vraiment le contrat et c'est ce qui permet d'avoir ces images de l'intérieur où on sent le temps, la durée, la difficulté de faire ces filatures.
Vous-même, Simon Riondet, vous dites dans le documentaire : "Je suis toujours certain qu'à la fin, ce sont les bons qui gagnent." Vous ne doutez jamais. Vous n'avez jamais peur que ça se passe mal ?
On a peur. On fait très attention, mais on s'entraîne pour réussir. On a l'expérience qui nous permet de prendre les bonnes décisions et effectivement, on le fait de manière la plus professionnelle possible.
"La peur en fait, au lieu de nous neutraliser, elle nous galvanise pour faire les choses de manière la plus professionnelle possible. Et c'est pour ça qu'en général, ça se passe très bien."
Simon Riondet, chef de la BRIà franceinfo
Aucune femme ne témoigne, il n'y en a pas ?
Il y a des femmes à la BRI. La numéro trois du service, qui est la cheffe de la section opérationnelle, est une femme. Elle est très régulièrement sur le terrain, que ce soit sur le terrain, en noir ou sur les surveillances filatures. On a effectivement peu de femmes pour l'instant, mais justement, on espère que ce documentaire va donner envie à des policières de passer les tests et d'intégrer la BRI.
Vous vous témoignez à visage découvert alors que tous vos hommes sont masqués. Pour quelles raisons ? C'est moins dangereux quand on est le chef ?
Alors c'est quelque part moins dangereux quand on est le chef. Mon identité est connue, donc je n'ai pas de raison de me dissimuler. C'est aussi une volonté de donner entre guillemets un visage, de pouvoir parler à visage découvert. C'est quand même plus simple pour les téléspectateurs. En revanche, effectivement, l'identité des opérateurs, elle, doit être protégée pour leur propre sécurité. Et puis aussi pour pouvoir faire ces surveillances filatures en restant discret.
J'imagine que vous avez vu la série BRI sur Canal+. Qu'est-ce que vous en avez pensé? Est-ce qu'elle représente bien ce que vous vivez au quotidien ?
C'est une fiction, donc forcément, il y a des choses qui sont très différentes. On voit, par exemple, quelqu'un faire une filature, seul, ce que nous, on ne ferait jamais. Mais l'esprit est là, c'est ce qui est intéressant. Je l'ai trouvée plutôt vraiment très réussie.
Cette série a-t-elle engendré un regain de candidatures chez vous ?
Nous allons le voir. Les prochaines sélections auront lieu en mars, donc on l'espère.
Et en général, il y a du monde ?
Ça intéresse beaucoup de monde parce que c'est une vie absolument extraordinaire. Comme je le disais vendredi dernier, on avait les nouveaux qui étaient intégrés dans les groupes. Et en fait, quelques heures après cette cérémonie d'intégration, ils partaient avec leur groupe pour faire pour les uns participer à une saisie de 500 kilos de stupéfiants et une arrestation d'un go fast. Et pour d'autres, dimanche, on parle encore des sacrifices familiaux, arrêter une équipe de braqueurs avant qu'ils ne passent à l'acte. C'est aussi une forme de rêve de policier.
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