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Marlène Schiappa dans "Playboy" : "J'avais proposé à Roselyne Bachelot, elle n'a pas voulu", raconte le directeur du magazine

Le trimestriel de charme publie jeudi 6 avril un numéro avec la Secrétaire d’Etat en couverture. Jean-Christophe Florentin raconte les coulisses de cette interview qui fait polémique au sein du gouvernement.
Article rédigé par Célyne Baÿt-Darcourt
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Marlène Schiappa en couverture du magazine "Playboy", en 2023. (PLAYBOY)

La couverture, cinq photos et une interview de 12 pages... Marlène Schiappa a surpris jusqu’au gouvernement en acceptant de poser pour Playboy. Contactée il y a trois mois, la secrétaire d'Etat chargée de l'Économie sociale et solidaire et de la Vie associative a accepté "pratiquement" tout de suite, raconte sur franceinfo Jean-Christophe Florentin, le directeur du magazine, invité d'Info médias, mardi 4 avril. Il révèle avoir essuyé un refus en revanche de la part de Roselyne Bachelot au début de l’année.

>>> Marlène Schiappa dans "Playboy" : Élisabeth Borne a appelé la secrétaire d'État pour lui dire que "ce n'était pas approprié"

Jean-Christophe Florentin est l’invité médias de Célyne Baÿt-Darcourt.

Célyne Baÿt-Darcourt : Quel joli coup de pub pour Playboy. Ça faisait bien longtemps qu'il n'avait pas fait l'événement. Ce n'est pas vous faire offense que de dire qu'il n'est plus le magazine de référence qu'il était dans les années 80. Racontez-nous comment tout cela s'est monté. C'est vous qui avez contacté Marlène Schiappa pour lui demander de faire la couverture ?

Jean-Christophe Florentin : Oui, tout à fait. Aussi simplement que ça. C'était il y a environ trois mois.

Et alors, Comment a-t-elle réagi?

Eh bien, très bizarrement, elle a dit oui. Le travail de persuasion n'a pas été extrêmement difficile. On a échangé quelques mails, on a échangé quelques idées, on a bien borné le sujet.

Elle a posé des conditions ? 

C'est moi plutôt qui ai défini des conditions : "On n'ira pas jusque-là, on n'ira pas jusque-là". On a fait ce qu'on appelle un "mood board", c'est-à-dire des photos, un assemblage de photos qui seront nos inspirations. On est même allé jusqu'à imaginer la mettre en Marianne, comme le tableau qu'on peut voir au Louvre et avec un sein dehors.

Elle était d'accord pour ce genre de photos ?

Vous verrez jeudi. Laissons planer le doute.

Pourquoi lui avoir proposé à elle ?

Dans le personnel politique, c'était la plus Playboy compatible. Alors, je vais vous donner un scoop : j'avais proposé à Roselyne Bachelot il y a trois mois et Roselyne n'a pas voulu.

Mais c'est quoi "Playboy compatible", alors ?

C'est déjà quelqu'un de courageux parce que c'est vrai que le journal est plutôt disruptif, c'est le moins qu'on puisse dire. C'est quelqu'un qui doit quand même être "good looking", comme on dit. Être jolie. Et c'est quelqu'un que les gens ont envie de voir a priori. Donc ça élimine certaines personnes. Alors je suis assez étonné parce qu'on a publié par exemple il y a trois mois, une interview de Jacques Attali qui est un personnage politique éminent. Ça n'a pas fait couler une seule goutte d'encre. Tout le monde s'en fout. 

On va quand même mettre fin au fantasme. Marlène Schiappa ne pose pas nue, mais dans des poses sexy ?

Dans des poses plutôt sexy, plutôt étonnantes.

Il y a des clichés qui sont sortis dans les médias. Ce sont ceux qui seront dans le numéro de jeudi ? 

Non, justement, il y a une petite histoire qui a fait l'objet d'une plainte auprès de L'Arcom qui a été déposé hier matin par notre avocat, Maître Emmanuel Ludot, contre BFMTV qui a volé. Je le dis, BFMTV est une bande de voleurs. Ils ont volé ces photos*, ils les ont publiées. Mais comme ce sont des mauvais voleurs, ils n'ont pas publié les bonnes. Ils ont publié du rebut, ils ont publié des photos qui ne sont pas celles que l'on retrouvera jeudi dans le journal.

*Contrairement à ce que Jean-Christophe Florentin affirme, les photos de Marlène Schiappa publiées par BFMTV font bien partie de la sélection finale du magazine Playboy.

Vous n'avez reçu aucune pression de l'Élysée ou de Matignon? 

Franchement, non.

Parce que vous voyez bien que ça fait quand même polémique. Et vous la comprenez, cette polémique ?

Sincèrement, on pensait qu'on allait faire du buzz. On n'est pas né de la dernière pluie, mais alors, ça c'est plus du buzz, on est au bord d'une affaire d'Etat. Ce n'est pas moi qui le dit et c'est plutôt l'opposition d'ailleurs.

On ne pensait pas que ça irait si loin. C'est un buzz mondial. Aux États-Unis, en Australie, en Espagne, on ne parle que de ça.

Jean-Christophe Florentin, directeur de Playboy

à franceinfo

Et d'ailleurs, j'observe qu'on parle de ce sujet à l'étranger et avec bien plus de bienveillance qu'on en parle en France.

Mais ça vous surprend ? Vous saviez quand même qu'on dirait que ce n'est pas forcément la place d'une ministre d'être dans Playboy ?

Je suis désolé, c'est absolument faux. Parce que tous les présidents aux États-Unis historiquement ont posé ou se sont exprimés dans Playboy. On pense aussi à Martin Luther King au président Obama en passant par Marilyn Monroe. Playboy est une agora où tout le monde s'exprime et on essaie de redonner ses lettres de noblesse au Playboy français depuis trois ans. On en a fait un mook [publication de forme hybride, entre revue et livre] plutôt intello.

Ce n'est plus un magazine de charme ? 

Ce n'est plus un magazine de fesses. Il y a toujours quelques fesses, mais ce n'est vraiment pas le gros du magazine. C'est un gros trimestriel de presque 300 pages. Et croyez moi, il y a toujours effectivement des jeunes femmes, des jolies jeunes femmes qui ont oublié de s'habiller le matin, mais il n'y a pas que ça.

Il faut préciser quand même qu'il y a aussi une longue interview de Marlène Schiappa. C'est un magazine féministe Playboy finalement ?

En tout cas, Madame Schiappa l'a considéré comme un magazine féministe et de s'exprimer dans Playboy est, pour elle, un acte féministe. Maintenant, je ne vais pas ouvrir un débat sur "Est-ce que Playboy est un magazine féministe ou non ?". Parce que je sais qu'on n'arrivera jamais à mettre tout le monde d'accord là-dessus. Moi, je pense que oui. À partir du moment où on ouvre la porte à la cause féministe, que ce soit en images ou dans des interviews, on sert cette cause-là. Et par exemple, l'un des éléments qui a fait que Marlène Schiappa a accepté l'invitation de Playboy, c'est en voyant un documentaire sur Pamela Anderson qui a été "désobjetisée" en posant dans Playboy.

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