La régulation de l'appétit dépend de nombreux facteurs
Ils espèrent à terme mettre au point un remède capable de
redonner, au moins partiellement, l'envie de se nourrir dans le cas de
certaines anorexies, anorexies mentales mais aussi d'anorexies provoquées par
des traitements lourds comme ceux contre le cancer.
Notre système digestif et notre cerveau se parlent en
permanence via des hormones. Ce sont ces messages chimiques échangés entre
notre ventre et nos neurones qui régulent, en grande partie, notre appétit.
Midi n'est plus si loin, on sent la sensation de faim qui
commence à monter car à ce moment précis, notre estomac se lance dans la
production en quantité croissante d'une hormone de l'appétit : la ghréline.
Elle va cheminer à travers le sang jusqu'au cerveau et déclencher l'envie de se
mettre à table. Au fur et à mesure que nous allons manger, le taux de ghréline,
lui, va diminuer, tandis que celui d'autres hormones, comme la leptine, va
augmenter. Cette fois, le message qui va arriver au cerveau sera le
suivant : "Je suis rassasié, merci, on peut s'arrêter là".
Les hormones
Si le contexte, l'état psychologique ont un rôle important,
les hormones ne sont pas à négliger. Des expériences consistent à mesurer les
taux d'hormone dans le sang de personnes qui souffrent de ces troubles.
Serguei Fetissov s'est intéressé aux personnes obèses qui
malgré leur effort, ne parviennent pas à réguler leur appétit. Elles mangent
trop, alors que leur cerveau devrait avoir intégrer l'information de l'excédent
et réduire la prise alimentaire. Bizarrement, le plus souvent ces personnes ont
un taux de de grhéline normal.
Alors pour la première fois, les chercheurs se sont penchés
sur des petites molécules qui accompagnent l'hormone dans son long voyage de
l'estomac jusqu'à notre cerveau, un voyage à haut risque car une grande partie
des hormones produites va être naturellement détruite en chemin.
L'équipe a découvert que les petites molécules fixées sur
l'hormone des personnes obèses avaient des propriétés particulières : elles
forment une sorte de bouclier. Une protection qui va permettre à toute la
ghréline produite d'arriver jusqu'au cerveau et d'y faire son office :
donner de l'appétit !
Autrement dit pour un même taux d'hormone produit,
l'efficacité sera beaucoup plus forte chez les obèses.
Vers un traitement
Les chercheurs travaillent déjà sur un traitement. Ils ont
repris le flambeau d'expériences menées sur des patients anorexiques. Il n'y a
pas de bouclier dans leur sang et, on a
beau leur donner de la ghréline en quantité, elle ne parvient pas à leur
cerveau en quantité suffisante pour ouvrir l'appétit.
D'où l'idée développée dans le laboratoire de Rouen : une
injection mélangeant de la grhéline et des molécules extraites du sang des
personnes obèses. Résultats : les souris anorexiques se remettent à
manger !
Les chercheurs estiment qu'une à deux années pourraient
suffire pour démarrer les premiers essais cliniques sur l'homme.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.