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Le régime sans gluten gagne du terrain

Le régime sans gluten ne cesse de gagner du terrain en France. Selon le Figaro, Manuel Valls, lui-même, aurait demandé aux cuisiniers de Matignon de lui préparer des plats garantis sans gluten. Le tour de la question avec Caroline Tourbe, journaliste pour le magazine Science et Vie.
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Le gluten, c'est le nom que l'on donne à l'un des composants naturels des céréales, tels que le blé, l'orge ou le seigle. Ce qu'il faut retenir : c'est que le gluten est une substance naturellement présente dans la farine et qui lui donne des propriétés visqueuses et élastiques. On retrouve donc le gluten dans de très nombreux aliments : le pain, mais aussi les pâtes, et tous les plats préparés avec de la farine ou des épaississants à bases de farine.

L'intolérance au gluten

La première raison qui oblige à se passer définitivement de gluten est la maladie coeliaque ou intolérance au gluten. Chez les personnes intolérantes, le gluten des aliments va provoquer une réaction immunitaire anormale, et peut détruire progressivement la paroi interne de l'intestin . Lorsque les symptômes sont nets (amaigrissement, fortes douleurs au ventre, retards de croissance...), un test sanguin et une biopsie de l'intestin permettent de poser sans ambiguïté le diagnostic. Il faut alors prescrire un régime totalement sans gluten pour assurer une guérison complète.

Un diagnostic pas si évident

Cette maladie survient chez des personnes génétiquement prédisposées. On estime qu'il y aurait entre 0,5 et 1% de la population potentiellement concernée . Mais il faut savoir que dans la majorité des cas, la maladie coeliaque (l'intolérance au gluten) ne provoque que des symptômes difficiles à repérer : fatigue, anémie, simples ballonnements ... voire parfois aucun symptôme du tout. Ainsi, parmi les personnes potentiellement concernées, très peu sont aujourd'hui diagnostiqués.

Ce n'est pas sans risque : une consommation prolongée de gluten chez ces personnes prédisposées peut avoir des conséquences désastreuses pour la santé  (apparition d'une ostéoporose, d'un diabète, voire d'un cancer de l'intestin). Le message est donc le suivant : c'est une maladie qui concerne très peu de monde, mais qui est clairement sous-diagnostiquée, et qui s'aggrave avec une consommation régulière de gluten. Voilà comment un début de psychose a commencé à s'installer autour du gluten.

L'hypersensibilité au gluten


L'hypersensibilité au gluten est une entité encore bien mystérieuse. Maux de ventre, fatigue, ballonnements ... les symptômes ressentis peuvent évoquer une maladie cœliaque sauf que, les examens médicaux ne montrent rien . Faute de critère objectif pour leur diagnostic, les médecins ne savent pas encore très bien classer ce syndrome et tous ne le reconnaissent d'ailleurs pas comme une maladie à part entière.

Certains incriminent des changements dans le traitement des farines et les méthodes de panification industrielle et artisanales. Mais c'est vraiment loin d'être tranché d'un point de vue scientifique, d'autant qu'à cela vient s'ajouter une guerre intense entre les lobbys céréaliers et les producteurs d'aliments sans gluten . Les premiers financent des colloques ou des études pour nier ou minimiser l'hypersensibilité, et les autres financent des études pour estimer le nombre de personnes concernées et développer leur part de marché.

Des autodiagnostics de plus en plus nombreux


De plus en plus de personnes s'estiment victimes du gluten, comme c'est vraisemblablement le cas de notre Premier ministre. Un article paru en 2012 dans le British Medical Journal indiquait qu'aux Etats-Unis, entre 15 et 25 % des consommateurs américains souhaitaient consommer des produits sans gluten . La France n'en est pas encore là, mais indéniablement ces régimes gagnent du terrain.

Une nouvelle piste thérapeutique à l'étude


Des chercheurs de l'Inra ont publié des résultats très intéressants. Pour l'instant, c'est sur l'animal, mais ils ont montré qu'en avalant des bactéries qui produisent une protéine (l'élafine) il est possible de rétablir l'équilibre intestinal et de stopper la réaction immunitaire anormale. Ce n'est encore qu'un espoir, le premier, pour ces personnes qui doivent suivre un régime très strict.

 

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