Koffi Kwahulé fait de Paris une ville monde
"Je n’écris pas sur les blancs, ou les Algériens ou les Chinois, j’écris sur le frottement de tous ces mondes qui se côtoient. Je me considère comme un citoyen français mais comme un dramaturge ivoirien. Ce que j’écris ressemble beaucoup plus à ce qui se fait en Occident, mais lorsque je suis arrivé en France, j’étais déjà adulte. Mon imaginaire était déjà formé. Pour moi, c’est l’imaginaire ivoirien qui se déplace ailleurs."
Rien ne le prédestinait à devenir l’un des plus importants dramaturges de sa génération, Koffi Kwahulé grandit à Abengourou en Côté d’Ivoire, dans un milieu modeste. "Mon père était commerçant et agriculteur. Il n’y avait pas de livres à la maison. Quand je lisais, mon père vérifiait si c’était bien un livre scolaire. Autrement, il considérait que c’était une perte de temps. J’ai découvert les romans et la littérature très tard. Mon père n’a jamais compris ce que je faisais jusqu’au jour où ma première pièce a été censurée. Là, il a compris que ce je faisais, avait un rapport avec la vérité."
"Je m'intéresse à l'enfermement. La prison nous met face à notre imaginaire."
Après avoir fait des études à l’Institut National des arts d’Abidjan, Koffi Kawhulé reçoit une bourse pour poursuivre sa formation à l’école de théâtre de la rue blanche à Paris. Naturellement, il choisit d’écrire en français, car ses langues maternelles, le diaoula et le bawulé, sont des langues orales. Son rapport à l’écriture passe par la langue française qui lui est enseignée à l’école ivoirienne. "Le français a été la langue du colonisateur. Mais je suis aussi l’héritier de cette histoire et je l’assume. Je ne veux pas vivre dans le passé."
Dans sa pièce Misterioso 119 , actuellement à l’affiche de la Cartoucherie de Vincennes, il donne la parole à des femmes détenues. Elles se sont prostituées, elles ont volé ou même assassiné, elles se retrouvent en prison, face à elles-mêmes, face à leur histoire avec pour seul horizon, leur propre imaginaire.
Retrouvez Misterioso 119 de Koffi Kwahulé jusqu’au 8 juin au théâtre de la tempête à la Cartoucherie de Vincennes.
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