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"Posez votre bêche et rangez la tondeuse" : le cri du cœur de la paysagiste britannique Alys Fowler qui invite à observer les jardins

Après trente ans de métier, notamment pour la prestigieuse Société Royale d’Horticulture en Angleterre, elle publie une tribune dans le quotidien "The Guardian" pour inviter les passionnés de jardin à changer d’approche, préférer la cohabitation avec la nature, plutôt que le bras de fer.
Article rédigé par franceinfo, Marion Lagardère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le jardin d'Alys Fowler sur son compte Instagram. (CAPTURE D'ECRAN)

Alors que le printemps est là, que la flore se réveille, foisonne et que toutes celles et ceux qui ont la chance d’avoir un jardin se précipite pour bêcher, biner, planter, tondre, désherber, fertiliser, et saupoudrer tout ce qui peut l’être de granulé anti-limaces, la paysagiste britannique Alys Fowler lance : "Ne faites rien, au lieu de travailler vos parterres, détendez-vous, et prenez le temps de regarder, d’écouter, d’apprendre."

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Elle explique en quoi consiste cette approche dans une tribune publiée par le Guardian, une tribune en six recommandations pour que jardiner ne soit plus un bras de fer avec la nature. Par exemple, poser sa bêche et ne plus retourner le sol, pour arrêter de déstabiliser tout ce qui vit dedans et qui aide le jardinier : les vers de terre, les champignons, les petits insectes. Observer aussi les herbes sauvages plutôt que de les arracher, parce qu’elles disent toujours quelque chose de la santé du sol. Et puis, au lieu de chercher à exterminer les limaces mangeuses de salades, essayer de les rassasier autrement, avec du compost de surface, mais pas que. Bref, Alys Fowler propose de tout repenser.

"Nous faisons tout l’inverse"

Ça fait près de trente ans qu’elle jardine, et qu’elle le fait pour de grosses institutions, comme la Société Royale d’Horticulture, qu’elle a dispensé pendant des années ses conseils dans son émission phare sur la BBC. "Mais avec le temps, j’ai fini par réaliser que tous nos efforts pour fabriquer des jardins, bêcher, entretenir, élaguer, sélectionner, exclure, tout ça ne marche pas. Ça va à l’encontre de ce que font naturellement les plantes. Partout, dans le monde, les cultures et civilisations autochtones ont toutes fondé leurs pratiques sur l’observation, observer, apprendre, reproduire ce que fait la nature, eh bien, nous, peuple 'développé', nous faisons tout l’inverse, nous avons décidé d’écrire nos règles, de contrôler, contraindre, et transformer ainsi le jardinage en une bataille permanente avec la vie."

Ce que propose Alys Fowler, c’est de travailler avec la nature, pas contre elle, d’économiser son énergie en cohabitant plutôt qu’en combattant, en clair, de chercher la symbiose, l’harmonie. Et l’on comprend finalement que tout cela dépasse largement le petit milieu du jardinage, que l’idée, c’est de repenser notre rapport au monde, aux autres, à ce qui n’est pas prévu, à ce qui sort de nos plans, nos schémas, nos listes. Pour ne plus être constamment sur la défensive, pour vivre mieux.

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