Jeux vidéo. Gorogoa rend hommage aux images
Entre onirisme et beauté formelle, ce jeu de puzzle sans dialogues souffle un vent nouveau sur le genre.
1883. L’illustrateur Eugène Grasset publie un ouvrage considéré encore aujourd’hui comme l’un des plus beaux livres au monde. Son titre : L'Histoire des quatre fils Aymon, très nobles et très vaillans chevaliers. Il faut dire que le recueil est le premier à comporter des techniques inédites de coloration couleur et de gravure en relief.
Un récit façon poupées russes
Des costumes aux armes en passant par les visages, les paysages les motifs architecturaux, Eugène Grasset multiplie les audaces : dessins en diagonales ou qui débordent du cadre, plans se superposant ou se répondant, une ode à la créativité. C’est cette même imagination qui anime Gorogoa à voir et à jouer en ce mois de décembre sur PC, mobiles et console Switch. Il aura fallu plus de six ans de travail à l’américain Jason Roberts pour imaginer ce majestueux Gorogoa, jeu de puzzle visuel où les formes, les signes et les couleurs doivent se répondre pour faire avancer un récit onirique façon poupée russes.
Gorogoa débute par le regard d’un petit garçon qui aperçoit un gigantesque dragon à plumes multicolores entre les toits d'un centre-ville historique. Le style est classique, élégant, européen. Pas d'indication de date, ni de lieu, l’écran se partage alors en quatre tuiles afin d’afficher d’autres horizons, d’autres époques, des déserts, des théâtres de guerres, d’autres cités autrefois luxuriantes, des images réalisées à la main, tantôt figées, tantôt animées. On peut déplacer ces vignettes, zoomer ou dézoomer à l’intérieur de chaque image dans le but de résoudre ces énigmes graphiques qui font tout le sel de Gorogoa.
Un hommage au monde de l'animation
Chaque victoire débloque de nouvelles cartes, de nouvelles explorations et un nouvel émerveillement. Chaque correspondance cachée résonne avec des tableaux qui paraissent pourtant isolés et distincts quelques secondes plus tôt. Le récit de cette poupée gigogne visuelle est souvent difficile à suivre, mais le charme de ces casse-têtes formels font le reste. Si Eugène Grasset n’a pas directement inspiré Jason Roberts, ce dernier avouant s’être appuyé sur l’auteur américain de bandes dessinées Chris Ware, Gorogoa affiche un hommage aussi inventif qu’irréel au monde de l’illustration et de l’animation.
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