Jeux vidéo. Peau neuve pour "Bioshock : The Collection"
C’est une saga immense qui revoit le jour cette semaine dans une version remasterisée. Son titre : "Bioshock", une trilogie qui confronte le jeu vidéo aux utopies politiques.
Une saga immense par son ambition
Celle d’embrasser une science-fiction inquiète, malade, vacillante, celle de brasser politique, action, utopie et psychanalyse et d’embraser enfin un jeu vidéo trop souvent timide face aux grandes questions du monde. Cette saga, c’est "Bioshock", démarrée en 2007 par le studio américain Irrational Games et son mentor Ken Levine qui imagine dans un premier épisode monumental une cité sous la mer : Rapture, sorte de New York art déco immergé et construit par un visionnaire, Andrew Ryan, milliardaire mégalomane juste après la fin de la seconde Guerre Mondiale. Entre communisme et libéralisme, Andrew Ryan a imaginé une ville utopique basé sur l'objectivisme, idéologie à la mode dans l’Amérique des années 50 et qui prône un capitalisme brutal.
Tout s’achète et tout se vend à Rapture
Science, art et technologie ne sont plus bridés par des organismes de contrôle. Sauf que lorsque vous, seul survivant d’un crash, débarquez par hasard dans ce royaume sous-marin, c’est surtout le chaos qui règne, entre survivants aliénés et petites filles zombies accompagnées de monstrueux scaphandriers, il vous faudra survivre à cette utopie politique où plane des relations filiales complexes et torturées. Entre Jules Vernes et Georges Orwell, bienvenue dans "Bioshock".
Violente critique de l’ultra-libéralisme
L’entreprise de lifting visuel touche également "Bioshock 2" sortie en 2010 et qui approfondit les thématiques de l’épisode originel en gardant les décors somptueux et inquiétants de Rapture. Cette fois-ci, vous voilà dans la peau d’un Big Daddy, immense scaphandrier en quête de sa moitié. Mais la pièce de choix de cette trilogie remasterisée sans génie, c’est "Bioshock Infinite". Fini les grandes eaux, l’intrigue prend place dans Columbia, ville imaginaire nichée dans les nuages par un illuminé religieux au début du siècle dernier. Ici, la foi, la beauté et la science sont célébrés dans un esprit fortement teinté de fierté US et d’American Way of Life.
Derrière la beauté sidérante de la ville et de sa société aisée se cache un visage bien différent que le héros tourmenté de "Bioshock Infinite", Booker, va découvrir à la recherche de la mystérieuse Elizabeth.
Survivre toujours, mais accompagné cette fois, dans ce sombre joyau politique et psychanalytique, où David Lynch fricote avec Marx. L’un des plus grands jeux de la jeune histoire du secteur.
Appréciation : 19/20
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