La France a-t-elle encore les moyens de ses TGV ?
C'est un homme que peu de Français connaissent mais
que tous les élus de France et de Navarre courtisent. Philippe Duron n'est pas
seulement le maire socialiste de Caen, il est surtout le président de la très
stratégique commission Mobilité 21 . Un intitulé obscur qui masque une question
simple : quels sont les lignes à grande vitesse, les autoroutes et les canaux
que la France doit construire dans les années qui viennent, sachant que les
finances publiques sont exsangues ?
Voilà quelques années, Jean-Louis Borloo, alors
ministre, avait établi une liste longue comme le bras, qui avait fait plaisir à
tout le monde, et pour cause. Le problème est que cette liste de grands travaux
n'était ni hiérarchisée ni financée.
Aujourd'hui, il s'agit donc de faire le tri entre
les 75 projets recensés qui représentent, à eux tous, la bagatelle de 250
milliards d'euros, et ce, sans compter les travaux prévus dans le cadre
du Grand Paris et de la ligne internationale Lyon Turin, qui vont encore faire
gonfler la note.
Philippe Duron n'a pas encore terminé son travail
mais on connaît déjà les critères qui vont guider sa réflexion. D'abord, il est clair que l'on ne pourra pas tout
faire en même temps.
Les différents projets devraient donc être répartis en
trois catégories : D'abord, ceux dont les travaux sont en cours et
qui devraient entrer en service en 2017 , comme les lignes à grande vitesse
entre Bordeaux et Tours, entre Le Mans et Rennes, le contournement de Nîmes et
de Montpellier ou encore la deuxième phase du TGV Est. Il y a ensuite les projets qu'il faut préparer dès
maintenant si l'on veut qu'ils soient lancés juste après. Il y a enfin ceux qui seront jugés moins nécessaires et qui attendront des
jours meilleurs.
La grande question, évidemment, consiste à savoir
comment les 75 projets seront répartis entre ces deux dernières catégories. Pour cela, chacun fait l'objet d'une évaluation multicritères : impact sur
l'environnement, réduction du temps passé dans les transports, conséquences sur
la compétitivité des territoires, etc.
Ce que l'on sent chez Philippe Duron, c'est la
conviction que le temps du tout-TGV et du tout-autoroute est révolu. Pour des
raisons financières, évidemment, mais aussi parce qu'on le devine séduit par
les exemples de l'Allemagne ou de la Suisse. Deux pays qui n'hésitent pas à
construire des lignes où les trains circulent à 220 km/h
"seulement". Ce qui permet tout de même d'aller plus vite qu'avec
les trains classiques et de mieux mailler le territoire. Et puis, cela tombe bien : c'est sans doute la seule solution pour améliorer la situation dans la région de Philippe Duron : la Normandie...
In fine, bien sûr, c'est le gouvernement qui tranchera .
Et comme toujours en la matière, le choix ne sera pas seulement technique. Les
grands élus essaieront de jouer de leur influence. Et les régions qui auront su
présenter un front uni, comme la Bretagne, auront plus de chances que celles
qui sont apparues divisées.
Le verdict est attendu dans les toutes prochaines semaines.
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