Marseille Un espoir nommé métropole
Marseille est une ville qui, économiquement, va mal. Que l'on considère le taux de chômage, le nombre de sièges sociaux de grandes entreprises, l'ampleur des investissements étrangers, elle affiche un retard inquiétant par rapport aux autres grandes villes européennes.
Et pourtant, le grand Marseille a des atouts formidables. Il possède le premier port en eau profonde de la Méditerranée, une grande université, l'un des plus grands pôles européens de santé, des industries pétrochimiques de premier plan, une grande équipe de football, le parc national des calanques, demain le réacteur Iter... Ajoutez à cela la mer et le soleil, et vous l'aurez compris : son potentiel est objectivement extraordinaire.
Extraordinaire, mais effroyablement dispersé. Car dans le Grand Marseille, il n'y a pas un seul centre de décision, mais six: la communauté urbaine de Marseille, bien sûr, mais aussi 5 autres communautés d'agglomération autour d'Aix-en-Provence, Aubagne, Martigues, Salon-de-Provence et Istres ! Une situation d'autant plus absurde que cet ensemble ne forme qu'un seul et même bassin de vie d'1 million 700.000 habitants. Car on peut évidemment habiter Istres et étudier à Aix, faire ses courses à Aubagne et se soigner à Marseille. Au lieu de quoi chacun continue de travailler dans son coin. Un seul exemple : il n'existe aucun transport en commun digne de ce nom entre Aix et Marseille, les deux principales communes du département.
Jean-Marc Ayrault a donc vu juste lorsqu'il a décidé que Marseille allait être dotée du nouveau statut de " métropole " : en clair, le gouvernement veut y créer une collectivité en charge de toutes les questions stratégiques. Car c'est aussi par l'économie que l'on réglera les problèmes de délinquance. Alors que les deux bassins de vie sont à peu près comparables : on compte 150 000 emplois de plus à Lyon qu'à Marseille !
Et pourtant, en dehors du président socialiste de la communauté urbaine de Marseille, Eugène Caselli, la plupart des élus refusent cette solution de bon sens. En partie pour de bonnes raisons : la différence de culture entre les villes de l'intérieur et cette ville portuaire. La peur que la " grosse ville " ne mange les " petites ". Par crainte enfin d'être gangrenée par certaines pratiques marseillaises, comme le clientélisme.
Mais disons les choses comme elles sont : ce refus s'explique surtout par des raisons mesquines. C'est tout bête, mais, en passant de six intercommunalités à une, cinq des six présidents actuels savent qu'ils vont perdre leur poste ! C'est notamment vrai du Parti communiste, qui veut garder le contrôle de ses fiefs d'Aubagne et de Martigues. Mais surtout, il y a l'argent. Aujourd'hui, Marseille paie seule des équipements qui profitent à tout le monde, comme l'Opéra ou les hôpitaux. Alors qu'Aubagne, par exemple, garde pour elle l'argent de sa gigantesque zone commerciale. Demain, avec la métropole, il faudrait partager les coûts et les recettes. Et cela, les petites communautés riches qui entourent Marseille n'en veulent pas.
Cet égoïsme étroit ne peut évidemment plus durer. Et c'est d'ailleurs l'intérêt de tous à long terme. Car si l'on ne remédie pas à cette situation, Marseille va continuer à souffrir. Et si Marseille continue à souffrir, d'ici 10 à 15 ans, c'est tout le bassin de vie qui sera malade. Istres, Martigues, L'Etang de Berre, Aubagne et Aix-en-Provence compris.
Au contraire, si le grand Marseille réussit son passage au statut de métropole, tous les espoirs seront permis. Ce faisant, Marseille donnerait même l'exemple au reste de la France puisque François Hollande a fait part de sa volonté d'instaurer un statut de métropole que pourrait adopter Lyon, Lille ou Toulouse. C'est en tout cas une chance qui ne se représentera pas.
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