L'auto. La réincarnation écologique des véhicules hors d’usage
Fini les abandons sauvages de voitures en fin de règne dans la nature. Les véhicules hors d’usage doivent désormais être traités dans des centres agréés de déconstruction et de dépollution dans un souci de réutilisation des matériaux qui les composent.
Chaque année, pas moins de 1 million à 1 million 500.000 véhicules rentrent dans la catégorie des VHU, autrement dit des véhicules hors d’usage, générant autant de tonnes de déchets à savoir entre 1 million et 1 million et demi de tonnes.
Des véhicules qu’il n’est plus possible aujourd’hui, fort heureusement, d’abandonner dans la nature, au fond d’un ravin par exemple, pas plus que chez un casseur non agréé, sous peine d’amendes.
Des emballages de produits toxiques et polluants
Tous ces véhicules hors d’usage contiennent de nombreux produits, liquides ou solides, toxiques et polluants tels des batteries, des huiles de vidange ou de frein, des fluides de climatisation quand ce ne sont pas des éléments explosifs comme les airbags.
Des véhicules qui offrent toutefois une grande quantité d’éléments ou de pièces récupérables, voire recyclables, éléments amenés à aller grossir les étagères du magasin des pièces détachées.
Dépollution et déconstruction sur des chaînes similaires à celles de la fabrication
C’est pour déconstruire et dépolluer tous ces véhicules voués à la casse, remis par les assurances car trop abîmés après un accident ou bien échangés dans le cadre de la prime à la conversion qu’un certain nombre de filières existe. Réseau composé de casses officielles ou bien encore de groupes comme Indra, leader en France du recyclage automobile où aboutit chaque année un tiers des véhicules hors d’usage.
C’est dans un centre comme celui de Romorantin, ouvert le mois dernier à tous les acteurs de la déconstruction et de la dépollution, que ces véhicules sont récupérés et transformés. Des véhicules qui passent sur des chaînes de dépollution et de déconstruction similaires aux chaînes de montage.
Des chaînes mises en place pour accélérer et rentabiliser la déconstruction
Pour Loic Bey-Rozet, le patron d’Indra, interrogé par franceinfo, les centres de dépollution et de déconstruction comme celui de Romorantin respectent un parcours composé de 5 étapes.
Il y a tout d’abord la phase de traçabilité mise en place afin de pouvoir remonter la filière de toutes les pièces vers le véhicule d’origine. Vient ensuite l’étape de mise en sécurité du véhicule avec notamment le fait de procéder au déclenchement de toutes les pièces susceptibles d’exploser comme les airbags. Puis c’est la phase très importante de dépollution où l’on retire les batteries des voitures ainsi que tous les liquides et fluides utilisés pour leur fonctionnement.
C’est alors que le véhicule est installé sur une chaîne, où là, des salariés par petits groupes procèdent tour à tour aux prélèvements des différentes pièces selon un ordre préalablement établi.
A la fin de cette chaîne, tous les composants retirés, tels les câbles, sont isolés et envoyer dans une broyeuse afin d’en récupérer le fer et le cuivre alors que les pièces rejoignent, elles, le magasin des pièces détachées que professionnels et particuliers pourront consulter sur internet et acheter.
Seul frein à ces chaînes de démontage, le développement des hybrides et autres voitures électriques
Le plus délicat, dans ces centres de déconstruction et de dépollution, réside selon Olivier Gaudeau, Directeur Engineering INDRA, dans l’identification et le traitement des voitures hybrides ou bien électriques.
De par le risque que représentent ces véhicules porteurs de batteries électriques très puissantes et dangereuses, un soin tout particulier leur est accordé avec identification sur le site dès leur arrivée, isolement pour s’assurer que leurs batteries ne déclenchent pas d’explosion ou d’incendie, puis dépose délicate de ces batteries avant que ces véhicules n’empruntent la même chaîne que les thermiques.
Le but final étant, comme pour les véhicules essence ou diesel, de pouvoir récupérer et valoriser 95% de leur masse avant l’envoi du reste (à peine 5%) dans des broyeuses.
Et c’est ainsi que tous les véhicules hors d’usage, qui terminent leur parcours dans ces centre de traitement des véhicules en fin de vie, se trouvent "réincarnés" dans un réseau de pièces détachées, proposées aux professionnels comme aux particuliers, alors que certains de leurs matériaux comme le fer ou le cuivre répondront à la demande des constructeurs qui en ont besoin dans le cadre de la fabrication de modèles neufs.
Pour en savoir plus sur le réseau Indra.
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