Assemblée nationale : l’attribution des différents postes-clés crée une forme de cohabitation
Après une fin de semaine marquée par les rebondissements, Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée, se retrouve à la tête d’un bureau - l’instance exécutive de la chambre - complexe et pour le moins hétéroclite. Elle va devoir travailler avec des vice-présidents, des questeurs, des présidents de groupe qui ne sont pas issus du bloc présidentiel, ce qui va rendre ses marges de manœuvre limitées.
Le Nouveau Front populaire a réussi à obtenir la majorité des sièges au bureau, avec 12 postes sur 22 qui lui reviennent dont deux vice-présidences. De plus, les insoumis se maintiennent à la tête de la puissante commission des finances avec la réélection du président sortant, Éric Coquerel.
Le camp présidentiel n'a plus de postes-clés sur le budget
C’est inconfortable pour le camp présidentiel, même si l'alliance avec la droite de Laurent Wauquiez lui permet d'obtenir six des huit présidences de commissions, dont la commission des lois, ou encore celle des affaires étrangères. Quant à l’équipe de Laurent Wauquiez, elle se retrouve avec moins de députés que sous la précédente mandature, mais avec plus de postes importants !
En revanche, le bloc de la majorité rate la fonction de rapporteur du budget, qui revient à Charles de Courson, député centriste du petit groupe Liot. Il s’en est fallu de peu car Charles de Courson était à égalité avec le macroniste Jean-René Cazeneuve : c’est l’âge qui a fait la différence, comme le veut le règlement de l’Assemblée en pareil cas. Du haut de ses 72 ans, Charles de Courson a donc gagné, et nul doute que cet expert de la finance publique prendra à cœur son rôle lors de l’examen du futur budget à la rentrée. Cela montre aussi combien le petit Liot se retrouve, par le jeu des alliances, comme une force avec laquelle le bloc présidentiel va devoir souvent composer.
Le RN écarté de tous les postes
Le grand perdant reste le Rassemblement national. Le front républicain qui s’est appliqué dans les urnes s’est produit dans l’hémicycle, avec pour résultat un RN écarté de tous les postes. Marine Le Pen dénonce des "magouilles" : certes, ces attributions et résultats sont parfaitement légaux, ils résultent de jeux d’alliances politiques, mais il est vrai qu’ils interrogent. Même si Laurent Wauquiez estime qu’il s’agit d’une stratégie volontaire du RN, reste qu’aujourd’hui, plus de 10 millions d’électeurs RN ne sont pas pris en compte dans la vie de l’institution.
En 1986, le Front national de Jean-Marie Le Pen avait obtenu deux secrétaires au bureau de l’Assemblée alors qu’il n’avait à l’époque que 35 députés. Là, avec 126 députés, le RN n’a rien, alors qu’il y a encore deux mois, au Palais Bourbon, il avait des postes et une même vice-présidence... De quoi nourrir le ressentiment et la colère de ceux qui le soutiennent.
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