Assemblée nationale : la motion de censure de la Nupes, beaucoup de bruit pour rien ?
Ce lundi, la motion de censure déposée par les quatre groupes parlementaires de la Nupes sera soumise au vote des députés. Il y a peu de chances qu’elle soit adoptée, mais ce n’est pas l’enjeu. L'édito de Jean-Jérôme Bertolus.
La motion de censure n’a aucune chance d’être adoptée. C’est comme un tir a blanc : beaucoup de bruit mais aucun risque pour la cible. Les députés de la Nupes sont 151, un député socialiste n’a d’ailleurs pas signé la motion de censure. La droite et le RN ont d’ores et déjà expliqué qu’ils ne la voteraient pas. Elle n’a donc quasiment aucune chance d’atteindre la majorité, soit 289 voix.
C’est d’ailleurs pratiquement la règle puisque depuis le début de la Vè République : 111 motions de censure ont été déposées depuis et elles ont été rejetées... 110 fois. L’objectif d’une motion de censure n’est donc pas de renverser un gouvernement, mais surtout d’affirmer un positionnement politique. Ainsi, pour la Nupes, cette motion de censure doit lui permettre de revendiquer le leadership de l’opposition. D’affirmer et de revendiquer que l’opposition, c’est la gauche. Une opposition frontale, sans concession, sans pas de deux avec le gouvernement, comme Marine Le Pen qui a affirmé ce week-end dire "100 fois oui" à Gérald Darmanin, qui veut expulser des étrangers qui ont commis des actes graves.
L’objectif du gouvernement reste toujours d’obtenir des compromis. À travers cette motion de censure, les quatre groupes de la Nupes, répondent eux non, "100 fois non". La motion de censure a d’ailleurs été déposée mercredi 6 juillet, en début d’après-midi, avant même le discours de politique général d’Elisabeth Borne. Il ne s’agissait pas de censurer ce qu’elle pouvait dire, mais de censurer ce qu’elle représente : un gouvernement "illégitime", selon la France Insoumise.
Pour la Nupes, cette motion de censure est-elle donc un pari gagnant ?
Ce lundi, les quatre dirigeants des groupes parlementaires de la Nupes vont réaffirmer leur opposition sans concession. Et mettre la droite et le RN au pied du mur. Mais cette motion de censure risque, pour la Nupes, d’être sans lendemain.
Car les communistes, les socialistes et les Verts ne partagent pas la stratégie de Jean-Luc Mélenchon.
Pour le leader de LFI, cette Assemblée est déjà une impasse. La seule solution, selon lui c’est la mobilisation dans la rue, et finalement la dissolution. En privé, Fabien Roussel juge que cette position est "une connerie", car les élections viennent d’avoir lieu. Les socialistes, emmenés par Boris Vallaud, entendent, de leur coté, profiter autant que possible du nouveau régime parlementaire sorti des urnes.
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