Bygmalion, big prudence
Il fut un temps où quand éclatait une affaire, le camp adverse s’en donnait à cœur joie pour dénoncer les turpitudes des rivaux.
Ce temps est révolu. L’affaire Bygmalion alimente les gros titres de la presse, mais les responsables politiques évitent consciencieusement de polémiquer. A droite comme à gauche, il est de bonne politique de s’en remettre à la justice.
"Une justice indépendante ! ", clame la majorité. La gauche au pouvoir ne veut surtout pas donner le sentiment d’influencer le cours de l’instruction, ni de se réjouir des éventuels déboires de l’ancien président de la République. Elle n’en pense pas moins, mais se montre patiente. Et prudente. Nathalie Kosciusko-Morizet le rappelle à bon escient, le long feuilleton Bettencourt s’est terminé sur un non-lieu.
La neutralité, l'apanage de la droite
De toute façon, du point de vue de la gauche, les instructions en cours autour de Nicolas Sarkozy alimentent suffisamment la chronique médiatique pour qu’elle n’ait pas besoin d’en rajouter. Soit elles aboutissent, et Nicolas Sarkozy en sera affaibli d’autant, soit elles n’aboutissent pas et les procureurs politiques s’en mordront les doigts. Autant rester neutres.
La neutralité est aussi l’apanage de la droite. Les responsables UMP se montrent très prudents également. Personne ne commente les progrès de l’affaire Bygmalion. Mais certains, du côté des éventuels rivaux de Nicolas Sarkozy en 2017, plantent de petites banderilles douloureuses, voire dangereuses si elles venaient à s’infecter. François Fillon a lancé le mouvement en contredisant la déclaration de Nicolas Sarkozy sur Bygmalion. "J’ai appris le nom de Bygmalion longtemps après la présidentielle" , expliquait Nicolas Sarkozy. "Je n’étais pas associé à l’organisation de la campagne en 2012, mais j’ai souvent entendu parler de Bygmalion" précisait aussitôt en contrepoint l’ancien Premier ministre, François Fillon.
Ce lundi matin, Xavier Bertrand, lui aussi candidat déclaré en 2017, poursuit sur le même registre, lui aussi "a entendu parler" de Bygmalion avant la présidentielle. Le propos n’aide pas l’ancien président de l’UMP, Jean-François Copé, mais il n’aide pas non plus Nicolas Sarkozy, qui contrairement à tout le monde, ne connaissait pas la société supposée avoir établi des fausses factures au bénéfice de sa campagne. De quoi alimenter la polémique ? Hé bien non.
En politique désormais, les affaires s’observent avec prudence mais sans naïveté.
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