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Bygmalion, le jeu de domino

L’avocat de la société Bygmalion charge l’UMP et l’organisation de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012. Les fausses factures auraient servi à diminuer le coût réel de la campagne de l’ancien président de la République. La contre-attaque de l’avocat se joue sur le terrain judiciaire, mais elle est avant tout politique.
Article rédigé par Marie-Eve Malouines
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Patrick Maisonneuve se défend de jeter une bombe dans le paysage politique. L’avocat dit défendre une société qui "en a assez d’être mise à l’index". Mais il lance tout de même un énorme pavé dans la machine à tâches des affaires. A l’entendre, Bygmalion a été victime d’un "chantage économique". Ou bien la société acceptait d’établir des fausses factures, et elle était payée pour ses prestations. Ou bien, elle refusait, et elle ne l’était pas.

L’accusation est grave. Ce chantage, à entendre l’avocat de Bygmalion, aurait été exercé par l’UMP, au profit de la campagne de Nicolas Sarkozy. Cela signifie que tout le monde est éclaboussé à l’UMP. Ce sont des accusations avec effet domino. Dans la ligne de mire, suite à des révélations de la presse, deux proches de l’actuel président de l’UMP, Jean-François Copé : Bastien Millot, l’un des dirigeants de Bygmalion, et Jerôme Lavrilleux, tout nouvel élu européen, bras droit de Jean-François Copé et co-directeur de la campagne de Nicolas Sarkozy.

Les dégâts auprès de l’opinion sont imprévisibles

Par l’avocat, ce domino tombe sur l’UMP de Jean-François Copé, puis verse sur Nicolas Sarkozy. Ces noms ne sont pas cités par Patrick Maisonneuve en tant qu’organisateurs de ce système de fausses factures, mais ils apparaissent comme les bénéficiaires, conscients ou non, de ces illégalités. La justice établira cette distinction juridique, mais sur le plan politique, c’est une affaire d’une énorme ampleur. Par la qualité des personnes concernées, le président d’un parti et un ancien président de la République. Par les sommes en jeu ensuite, 10 millions d’euros de fausses factures selon l’avocat. C’est un peu moins que la somme collectée par l’UMP auprès de ses militants, après que les comptes de Nicolas Sarkozy aient été rejetées par le conseil constitutionnel.

Au lendemain d’élections européennes en forme de désaveu pour les partis ayant exercé le pouvoir, la portée de ces accusations, les dégâts auprès de l’opinion sont imprévisibles. Ce qui explique sans doute la première réaction des responsables politiques UMP. Ils préfèrent ne pas réagir à chaud. Il y a deux mois, la mise en cause de Nicolas Sarkozy dans plusieurs affaires avait conduit à une violente charge de l’ancien président. Charge qui aurait mobilisé son électorat aux municipales, Mais aux européennes, le FN a profité de la dynamique de rejet des partis politiques et des affaires politico-financières.

 

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