Débat d'entre-deux-tours : Marine Le Pen a beaucoup à gagner, Emmanuel Macron beaucoup à perdre
Le débat télévisé qui oppose les deux finalistes de la présidentielle, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, mercredi soir, peut-il tout changer ?
A priori, non. Malgré la dramaturgie médiatique et politique mise en scène par les deux camps, cela ne s’est en tous cas jamais vu. Jamais un candidat disposant d’une marge aussi large qu’Emmanuel Macron, 13 points selon la dernière livraison de notre partenaire Ipsos-Sopra Steria – 56,5 % d’intentions de vote pour le chef de l’Etat contre 43,5 % pour son adversaire d’extrême droite – jamais donc un candidat aussi en avance n’a tout perdu en un seul débat. 90 % des électeurs se disent sûrs de leur choix et Marine Le Pen aura du mal à renverser la table.
Les mémorialistes de la Ve République évoquent un précédent : le duel de 1974 entre Giscard et Mitterrand. Mais à l’époque, l’écart entre les deux candidats était minime et même si Giscard le répétait, il n’est pas certain que ce soit sa fameuse formule "Vous n’avez pas le monopole du coeur" qui lui ait fait gagner l’élection de 400 000 voix.
Un débat sans enjeu ?
Bien sûr que non. D’abord, parce que l’inédit peut toujours se produire. Ensuite, parce que Marine Le Pen a beaucoup à gagner et Emmanuel Macon beaucoup à perdre. Le souvenir du naufrage de la candidate d’extrême droite il y a cinq ans est dans toutes les têtes, et d’abord dans la sienne. Elle répète qu’elle s’est préparée comme jamais, qu’elle est prête, et sa prestation ne peut pas être aussi calamiteuse qu’en 2017. En comparaison, elle ne peut que faire mieux. Pour y parvenir, elle devrait chercher à se montrer rassurante, apaisante, et attaquer Emmanuel Macron sur son bilan et plus encore son style. Marine Le Pen veut ressortir les petites phrases du quinquennat pour le peindre en président du mépris.
Emmanuel Macron de son côté ne doit pas non plus se montrer agressif ou arrogant. Mais il est surtout convaincu que son principal atout ce soir, c’est le projet de Marine Le Pen. Depuis dix jours, elle n’a plus le "paratonnerre Zemmour", et elle se retrouve en première ligne. Résultat : sa proximité avec Vladimir Poutine, la brutalité de ses mesures sur l’interdiction du port du voile ou la préférence nationale, ou ses ambiguïtés sur la fiscalité ou le pouvoir d’achat, tout cela a rejailli. Marine Le Pen hésite, recule, louvoie et entretient le flou. Et quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup. Emmanuel Macron veut le débusquer. Avec l’espoir qu’une fois encore, le duel télévisé contribue à accentuer une dynamique qui lui est plutôt favorable depuis le premier tour.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.