Édito
Budget 2025 : chaque camp souhaite faire porter à l'autre la responsabilité du recours au 49.3

La fin de la discussion budgétaire sur la partie recettes a été reportée de vendredi à samedi soir. Si le recours au 49.3 semble inéluctable, chaque camp fait mine de paraître responsable pour ne pas être accusé d'être le principal responsable de son utilisation.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'hémicycle de l'Assemblée nationale lors d'une séance de débat sur la première partie du projet de loi de finances 2025, à Paris le 23 octobre 2024. (JULIEN DE ROSA / AFP)

Alors que l’examen du projet de loi de finances s’enlise à l’Assemblée nationale, voilà que plusieurs groupes affichent une certaine bonne volonté. Les quatre groupes qui composent le Nouveau Front populaire se sont mis subitement à jouer aux bons élèves, jeudi 24 octobre. La gauche a retiré un quart des amendements qu’elle avait déposés sur la partie recettes du budget. Même effort du côté du bloc central macroniste qui en a retiré une bonne centaine. Le Rassemblement national revendique, lui, une attitude "responsable" en votant de temps à autre des amendements déposés par d’autres groupes. Tous affichent la main sur le cœur le même objectif, celui de permettre au débat de se poursuivre sur le fond jusqu’à son terme. 
                                         
Ce projet paraît irréalisable. D'abord, parce que les délais sont intenables. La fin de la discussion budgétaire sur la partie recettes a été reportée de vendredi à samedi soir. Mais ce sera sans doute trop court pour se pencher sur les centaines d'amendements qui restent à débattre. Et surtout parce que tout le monde attend que le Premier ministre recoure à l’article 49.3. Faute de disposer d’une majorité absolue, Michel Barnier devrait finir, à un moment ou à un autre, par enclencher cette procédure qui permet d’interrompre la discussion et de faire approuver le budget sans vote, sous réserve de l’adoption d’une motion de censure. Dans l’opposition comme au sein du "socle commun" qui soutient le gouvernement, tout le monde sait donc que cette issue est inévitable, mais tout le monde veut en faire porter la responsabilité à l’autre camp.

Des jeux de postures

Michel Barnier veut préserver sa réputation d’homme de dialogue, ouvert à la discussion et toujours prêt au compromis. Il entend donc laisser le débat s’étirer le plus longtemps possible pour faire porter le chapeau du blocage à ses opposants. À l’inverse, la gauche claironne qu’elle retire des amendements pour montrer à l’opinion qu’elle sait se montrer constructive et pour accuser l’exécutif d'être d'abord responsable de l'enlisement, voire coupable de "déni de démocratie", s'il dégaine le 49.3. Un air maintes fois entendu depuis 2022, sous les gouvernements Borne puis Attal. Chacun des deux camps prétend donc faire preuve d’esprit de responsabilité. Au vu de la menace politique de l’extrême droite et de l’urgence financière de redresser les comptes publics, la vraie sagesse aurait pu inciter droite, centre et gauche à accoucher d’un budget commun. Mais il y a longtemps que l’esprit du front républicain s’est dissipé pour céder la place au retour des jeux de postures.

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