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Édito
Comment Bruno Le Maire fait entendre sa petite musique personnelle

Le ministre de l'Économie s'est prononcé en faveur du report de l’interdiction de la location des "passoires thermiques" avant de faire machine arrière. Dans l'optique de l'élection présidentielle de 2027, Bruno Le Maire veut d’abord montrer qu’il n’est pas qu’un "père la rigueur".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire devant la commission des finances de l'Assemblée nationale, le 27 septembre 2023. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Invité de la nouvelle émission politique de France 2, jeudi 28 septembre au soir, Bruno Le Maire profite de la présentation du budget 2024 pour essayer de faire entendre une petite musique très politique, déjà tournée vers 2027 et l’après-Macron. Et c’est toujours compliqué pour un poids lourd du gouvernement de prendre un peu ses distances. Bruno Le Maire n’est pas coutumier du fait. Et pour une fois qu’il tente l’acrobatie, il s’est pris les pieds dans le tapis. Dans un entretien au Parisien-Aujourd’hui en France rendu public mardi soir, il se disait favorable, "à titre personnel", au report de l’interdiction de la location des logements "passoires thermiques". Mercredi matin, marche arrière toute, plus question de modifier le calendrier qui fixe cette interdiction à 2025 pour les logements classés G à 2025 et 2028 pour ceux classés F.

Le double message 

Bruno Le Maire a-t-il commis une gaffe ? Hé bien oui… et non. Oui parce qu’en politique, un pas en avant, deux pas en arrière en moins de 24 heures, cela fait toujours désordre. D’autant qu’il s’est pris une volée de bois vert de la part de plusieurs ténors de la majorité. Mais pour le ministre de l’Économie, l’essentiel est ailleurs. Il a fait passer un double message. Il veut d’abord montrer qu’il n’est pas qu’un "père la rigueur" qui met fin au "quoi qu’’il en coûte" pour réduire les déficits. Il s’affiche donc en protecteur du pouvoir d’achat des Français. Et puis, il veut prendre date. À mesure que l’échéance approchera, le débat sur la location des passoires thermiques ressurgira. Un peu comme celui qui porte sur la mise en œuvre des zones à faibles émissions dans les agglomérations. Le jour venu, Bruno Le Maire pourra dire : "Je vous l’avais bien dit…"
 

Le ministre de l'Économie revendique le "pragmatisme" mais aussi l’expérience - bientôt sept ans à Bercy - et puis le professionnalisme. Raison pour laquelle il a vite pris ses distances avec le fiasco de la vente à perte de carburants annoncée par Élisabeth Borne. Mais son souci, c’est que le chef, ça reste Emmanuel Macron.

Le Président a laissé son ministre répéter pendant trois semaines qu’il n’y aurait aucune nouvelle ristourne. Avant d’annoncer l’attribution d’un chèque carburant de 100 euros à plus de quatre millions d’automobilistes. C’est ça le secret du fonctionnement de l’exécutif, un ministre ne peut pas sortir du rang sans se faire taper sur les doigts, alors que le patron de l’Élysée, lui, peut dire tout ce qui lui passe par la tête.

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