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Édito
Condamnation de Nicolas Sarkozy : cette affaire entache un peu plus le crédit de la politique aux yeux des citoyens
La Cour de cassation a rejeté mercredi 18 décembre le pourvoi déposé par Nicolas Sarkozy après sa condamnation dans l’affaire dite "Bismuth". Sa condamnation à trois ans d’emprisonnement dont un an ferme devient donc définitive. Rappelons qu’il était poursuivi pour avoir noué un "pacte de corruption" avec un haut magistrat Gilbert Azibert, lui aussi condamné. Il lui avait proposé un coup de pouce pour obtenir un poste en échange d’informations confidentielles concernant l’un de ses dossiers judiciaires. Nicolas Sarkozy n’ira pas en prison, mais sa peine va être aménagée sous la forme du port d’un bracelet électronique. Une décision inédite et assez infamante pour un ancien chef de l’État.
Nicolas Sarkozy continue de clamer son innocence. Il va même saisir la Cour européenne des droits de l’homme, car il considère que ses "droits de justiciable ont été bafoués". S’il obtient un jour gain de cause, cela signifie qu’un ex-président de la République pourrait faire condamner la France à l’international. On mesure là les déflagrations à répétition engendrées par ces affaires en cascade. Car le bracelet électronique n’est qu’une station supplémentaire sur le long chemin de croix judiciaire de Nicolas Sarkozy.
D'autres décisions de justice attendues
L’année 2025 s’annonce chargée : avec, en attente, la décision de la cour de Cassation sur son pourvoi après sa condamnation dans l’affaire Bygmalion du financement de sa campagne 2012. Et à compter du 6 janvier, un nouveau marathon, puisqu’il sera jugé pendant quatre mois dans l’affaire du financement libyen de sa campagne de 2007. L’héritage que laissera ce face-à-face entre un ancien président de la République et la justice promet d’être lourd.
Il entache un peu plus le crédit de la politique, et des institutions, aux yeux des citoyens. Nicolas Sarkozy n’est pas le premier ancien chef de l’État condamné. Fin 2011, Jacques Chirac avait déjà écopé de deux ans de prison avec sursis pour détournement de fonds et abus de confiance. Mais cette nouvelle condamnation, et l’image, symbolique, du bracelet électronique, abîme un peu plus la fonction de président de la République. Si on y ajoute la peine de cinq ans de prison, dont deux ferme, et cinq ans d’inéligibilité que les juges pourraient infliger à Marine Le Pen fin mars, on mesure à quel point la dégradation de l’esprit public qui ronge ceux qui ont exercé les plus hautes fonctions, ou qui y aspirent, menace les fondements même de notre régime démocratique.
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