Édito
En France, Donald Trump a peu la cote, sauf au RN, mais c'est un secret

Alors que l’issue de la présidentielle américaine reste totalement indécise, une chose est sûre : que ce soit dans l’opinion ou dans la classe politique française, le candidat républicain a peu de supporters.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le républicain Donald Trump, le 5 novembre 2024, en campagne dans le Michigan pour la présidentielle américaine. (KAMIL KRZACZYNSKI / AFP)

Si le scrutin se déroulait en France, Donald Trump serait sans doute battu à plates coutures car le candidat républicain n’a guère de supporters dans l’hexagone, les sondages le montrent, et pas davantage de soutien parmi les responsables politiques. Tous souhaitent sa défaite. Tous ou presque, car il conserve tout de même une admiratrice en la personne de Marine Le Pen. 

Pour le RN, Donald Trump reste un modèle. Mais "chut !", il ne faut plus le dire. En 2016, Marine Le Pen clamait haut et fort son soutien au milliardaire new-yorkais. Elle avait même fait le pied de grue dans le hall de la Trump Tower dans l’espoir d’être reçue par son héros. En vain, Trump l’avait snobé, elle n’avait pas dépassé le rez-de-chaussée. Huit ans plus tard, Marine Le Pen a interdit à ses troupes de soutenir ouvertement le tribun populiste américain. Jordan Bardella est l’un des rares à avoir mangé la consigne en avouant "aimer le patriotisme" de Donald Trump qui "défend une forme de fierté américaine". Tous les autres se taisent.

Un cousin d’Amérique devenu gênant pour le RN

Pourquoi cette discrétion ? Parce que la radicalisation de Trump, ses outrances, ses insultes, font tâche avec la tactique de dissimulation du RN. Le cousin d’Amérique est devenu gênant. Un souci apparu dès 2018 quand Marine Le Pen avait fait du sulfureux conseiller trumpiste Steeve Bannon, l’invité d’honneur du congrès du RN. À la tribune, ce porte-drapeau des milieux suprémacistes blancs avait traité les journalistes de "chiens" et lancé aux dirigeants du RN : "Laissez-les vous appeler racistes, xénophobes, islamophobes… Portez-le comme un badge d’honneur !" Une vraie mise à sac de toute la stratégie de notabilisation de Marine Le Pen.

Mais sur le fond, Marine Le Pen n’a pas de désaccords avec Donald Trump, à part la remise en cause de l’avortement. Et encore, l’an dernier, le groupe RN est le seul dont une majorité de députés a refusé d’approuver la constitutionnalisation de l’IVG. Mais sur tout le reste, le soutien à Poutine, le lâchage de l’Ukraine, l’affaiblissement de l’OTAN et de l’Union européenne, l’instauration de taxes douanières aux frontières, le soutien aux énergies fossiles, et bien sûr le rejet de l’immigration, sur tout le reste donc, les projets de Donald Trump et de Marine Le Pen sont siamois. Pourtant, si le républicain l’emporte, la cheffe de file de l’extrême droite française pourrait, cette fois, avoir le triomphe plutôt modeste. On dit que les grandes douleurs sont muettes. Il est des idylles qui le sont aussi. Et des liaisons dangereuses qu’il vaut mieux dissimuler.

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