Présidentielle américaine 2024 : immigration, économie, démocratie... A quoi ressemblerait un deuxième mandat de Donald Trump à la Maison Blanche ?
Un deuxième mandat semblable au premier ? Donald Trump espère s'installer de nouveau à la Maison Blanche à l'issue de l'élection présidentielle américaine qui aura lieu mardi 5 novembre. Le républicain et son adversaire démocrate, la vice-présidente Kamala Harris, sont au coude-à-coude dans les sondages. Immigration, économie, climat, relations internationales... Donald Trump a publié sur son site de campagne une série de vidéos détaillant certains de ses projets pour l'Amérique. Les autres mesures qu'il envisage, souvent évoquées en interview ou en meeting – et qui manquent régulièrement de précision –, ont été recensées par plusieurs médias américains.
Avant que les électeurs ne départagent les candidats dans les urnes, franceinfo fait le point sur le programme défendu par Donald Trump.
Sur l'économie : plus de protectionnisme
L'économie arrive en tête des préoccupations des Américains à l'approche de la présidentielle, selon un sondage de l'institut Gallup publié le 9 octobre. Pour redonner du pouvoir d'achat aux électeurs, et les convaincre de voter pour lui, Donald Trump compte prolonger les baisses d'impôts mises en place en 2017 et qui expirent en 2025, explique le New York Times. Il assure aussi pouvoir faire baisser l'inflation en développant massivement la production de pétrole et de gaz (lire plus bas). Pour lutter contre la crise du logement, le milliardaire veut permettre de nouvelles constructions sur les terres fédérales et assouplir la réglementation, rapporte également le magazine Time.
Pour favoriser l'industrie américaine, Donald Trump propose d'abaisser à 15% les taxes pour les entreprises qui produisent des biens dans le pays (contre 21% actuellement). Mais l'une de ses principales mesures économiques, très commentée, concerne le commerce extérieur : le milliardaire propose de taxer à hauteur de 10% tous les produits importés aux Etats-Unis, et à 60% ceux fabriqués en Chine, détaille le Washington Post. "Cela permet d'augmenter les revenus de l'Etat, mais ces entreprises risquent de répercuter ces hausses sur les prix", met en garde Hans Noel, professeur d'affaires publiques à l'université de Georgetown.
Selon plusieurs économistes cités par l'agence Associated Press, le programme économique du républicain, et notamment la hausse des droits de douane, pourrait entraîner une accélération de l'inflation.
Sur l'immigration : des expulsions massives
Donald Trump a fait de l'immigration le sujet central de sa campagne, multipliant les attaques et les fausses informations visant les ressortissants étrangers. S'il accède de nouveau au pouvoir, le républicain a promis de mettre en place "la plus grande opération d'expulsions de l'histoire des Etats-Unis" à l'encontre des personnes entrées illégalement sur le territoire. Dans son dernier rapport, le Bureau des statistiques du département de la Sécurité intérieure estime qu'il y a 11 millions d'étrangers en situation irrégulière dans le pays. "Il est difficile de voir comment cela pourrait être mis en place, vu le coût et l'ampleur d'un tel projet", souligne le politologue américain Hans Noel. Donald Trump n'a pas détaillé le financement de ces expulsions massives.
Pour lutter contre le trafic d'opioïdes et les cartels, Donald Trump souhaite augmenter le budget alloué à l'agence de contrôle de l'immigration ICE, faire appel à l'armée et reprendre la construction du mur à la frontière avec le Mexique (promesse de campagne du candidat Trump en 2016, ce mur n'a jamais été achevé). Il envisage également de révoquer la citoyenneté des enfants nés aux Etats-Unis de parents sans-papiers, pointe USA Today. Il compte également remettre en place le "Muslim ban" en l'étendant à de nouveaux pays ou à la bande de Gaza, ajoute le magazine Time. Cette interdiction d'entrée sur le territoire, visant les ressortissants de certains pays à majorité musulmane, avait été suspendue par la justice lors de son premier mandat.
Sur l'avortement : un sujet laissé aux Etats
En avril, Donald Trump a déclaré qu'il ne signerait pas d'interdiction fédérale de l'IVG, un projet que Kamala Harris l'accuse de nourrir. Le républicain a affirmé que la question de l'avortement doit être "déterminée dans les Etats par un vote, une loi ou les deux". En mai, il a aussi dit ne pas être favorable à des restrictions d'accès aux contraceptifs, rapporte CNN.
Donald Trump entretient toutefois une position floue sur ce sujet. Les nominations de trois juges conservateurs à la Cour suprême "ont joué un rôle déterminant dans le renversement de l'arrêt" protégeant le droit constitutionnel à l'avortement aux Etats-Unis, en 2022, rappelle Hans Noel. "Il est ravi de s'attribuer le mérite de cette décision auprès de ceux qui en sont satisfaits." Mais face aux partisans de l'IVG, "il se dégage de toute responsabilité", en estimant que c'est désormais un sujet qui doit être traité localement.
Sur les relations internationales : moins de soutien à l'Ukraine
Donald Trump assure, sans expliquer comment il compte s'y prendre, qu'il "réglera la guerre horrible entre la Russie et l'Ukraine" en "24 heures". "Je serai capable de conclure rapidement un accord entre le président Poutine et le président Zelensky", a-t-il lancé fin septembre. Un second mandat de Donald Trump serait donc "une bonne nouvelle pour Vladimir Poutine", juge Hans Noel. Alors que Joe Biden a été "l'un des instigateurs de la politique d'isolement de la Russie et de soutien à l'Ukraine", en réponse à la guerre lancée par Moscou contre Kiev, le républicain serait "plus tolérant" avec le président russe, avance le politologue.
Comme le rappelle Associated Press, le milliardaire est par ailleurs un critique de longue date de l'Otan, dont il veut "réévaluer" la mission. En février, il a même affirmé qu'il pourrait refuser de défendre un pays allié en cas d'attaque russe.
Le républicain a par ailleurs promis son "soutien total" à Israël après les attentats du 7-Octobre. S'il revenait à la Maison Blanche, il n'y aurait "pas de changement majeur de politique" concernant le conflit au Proche-Orient, analyse Hans Noel. "L'administration Biden soutient la guerre menée par Israël, mais se montre critique des conséquences sur la population. La seule différence, c'est que Donald Trump ne cherchera pas à obtenir de garanties [pour la protection des civils] ou à encourager un cessez-le-feu."
Sur le climat : la part belle aux énergies fossiles
Comme il l'avait fait lors de son premier mandat, Donald Trump entend détricoter plusieurs mesures de lutte contre la crise climatique prises par les démocrates. Il a ainsi promis de sortir à nouveau de l'accord de Paris, comme il l'avait fait en 2017. Il compte par ailleurs revenir sur la politique de développement des énergies renouvelables de Joe Biden, en mettant un terme aux subventions pour les véhicules électriques.
Pour atteindre son objectif de faire baisser rapidement les prix de l'énergie, Donald Trump veut "lever toutes les restrictions" sur l'exploitation des puits de gaz et de pétrole, rapporte le New York Times. Sous la présidence du républicain, "il n'y aurait pas de nouvelle politique de lutte contre la crise climatique, et toutes celles qui existent seraient supprimées ou ne seraient plus appliquées", résume Hans Noel.
Sur l'Etat fédéral : des licenciements dans les ministères
Donald Trump veut s'attaquer au gouvernement fédéral, en réduisant l'indépendance de certaines agences et en supprimant le ministère de l'Education, relève Associated Press. Pour mieux contrôler les ministères, il souhaite faciliter le licenciement des fonctionnaires fédéraux, ajoute le Los Angeles Times. L'objectif est d'"augmenter le nombre de postes politiques, et se réserver le droit d'écarter quiconque n'est pas loyal au président", éclaire Hans Noel.
Le républicain a aussi l'intention de pardonner, dès les premiers jours de son mandat, des émeutiers condamnés pour l'assaut du 6 janvier 2021 contre le Capitole, rapporte NBC News. Quatre ans après la victoire de Joe Biden à la présidentielle, Donald Trump continue par ailleurs d'affirmer, sans la moindre preuve, que l'élection lui a été "volée" par les démocrates. Il a déjà sous-entendu à plusieurs reprises qu'il pourrait, cette année encore, ne pas reconnaître le résultat du scrutin.
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